Le 11 novembre 1918, la première guerre mondiale prenait fin. Ce conflit a entraîné la mort de 20 millions de personnes. Après avoir trahi les peuples et décimé les populations, les empires en sont ressortis fracassés. Ils ont laissé la place aux nations ; les peuples se sont reconstruits. Nous gardons en mémoire le sacrifice de nos aînés, car nous savons qu'oublier le passé, c'est se condamner à le revivre.
Le travail de mémoire sur ce conflit doit être le plus complet possible et partagé par le plus grand nombre. Notre regard se concentre souvent sur les combats du théâtre européen. Or l'Empire ottoman, engagé aux côtés de l'Allemagne, a commis en 1915 un génocide contre les populations arméniennes. La France s'est honorée en reconnaissant officiellement ce génocide par la loi du 29 janvier 2001.
Il y a quelques jours, nous avons commémoré cet événement tragique, survenu il y a 109 ans. Le 24 avril 1915, dans les rues de Constantinople, environ 600 intellectuels, médecins, journalistes, avocats, enseignants et hommes politiques arméniens furent raflés – prologue sanglant au massacre programmé et à la déportation de 1,5 million d'hommes, de femmes, d'enfants et de vieillards. Il est impensable de ne pas rendre hommage aux victimes du premier génocide du XX
L'amnésie coupable de ce pays ne s'arrête malheureusement pas là. Aux victimes arméniennes s'ajoutent les chrétiens assyriens ou syriaques dans le sud-est de l'Anatolie et dans la province perse d'Azerbaïdjan – rattachés aux églises orthodoxe, assyrienne de l'Orient et catholique chaldéenne. Les Assyro-Chaldéens ont subi, eux aussi, des déplacements forcés et des exécutions de masse. Ce peuple comptait un demi-million de personnes à la fin du XIX
La proposition de résolution invite le Gouvernement à reconnaître et à condamner le génocide perpétré par les autorités ottomanes contre les Assyro-Chaldéens. Elle satisfait ainsi un double objectif. Il s'agit tout d'abord d'un objectif de justice : les massacres de 1915 sont effectivement constitutifs d'un génocide, selon les critères retenus dans la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide. Ces actes ne peuvent rester sans condamnation. La justice commande de reconnaître la souffrance des peuples.
Le texte satisfait ensuite un objectif de protection : la reconnaissance des massacres doit mettre en lumière la situation de populations qui sont, aujourd'hui encore, victimes de persécutions. Par cette reconnaissance, nous enverrons un message de soutien aux Chrétiens d'orient, qui souffrent toujours d'innombrables difficultés, à commencer par la gangrène de l'islamisme radical.
En février 2022, lors d'une rencontre consacrée aux actions de la France en faveur des Chrétiens d'Orient, le Président de la République a rappelé l'engagement de notre pays dans la défense des droits des minorités et du pluralisme culturel au Moyen-Orient. Cet engagement prend de multiplies formes. La France agit de concert avec l'Œuvre d'Orient pour protéger les plus fragiles et favoriser le développement des communautés chrétiennes.
Le temps est venu d'accompagner ces initiatives d'un véritable travail de mémoire. La proposition de résolution invite le Gouvernement à encourager « un libre accès aux archives », pour « établir et documenter les faits de cette période ». Au-delà de la simple connaissance des faits, un travail de transmission, par l'enseignement et la culture, nous incombe, de sorte que la mémoire de ce génocide remplisse son rôle : permettre aux générations futures de rester vigilantes.
Le groupe Horizons et apparentés votera en faveur de cette proposition de résolution, avec lucidité et reconnaissance, dans un souci de justice à l'égard de tous ces chrétiens persécutés il y a un siècle, et pour protéger leurs descendants.