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Intervention de Anne-Laure Blin

Séance en hémicycle du lundi 29 avril 2024 à 15h00
Discussion d'une proposition de loi — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne-Laure Blin :

Leur présence démontre à quel point le message que nous pouvons envoyer au monde depuis notre hémicycle est fort et attendu, car les Chrétiens d'Orient ont toujours été, sont et resteront un pont vers l'Europe. Ils contribuent indéniablement au dialogue des cultures, qui est un enjeu crucial, et nous rappellent que nous-mêmes, chrétiens de l'Occident, sommes les héritiers d'une longue et profonde histoire.

Les Chrétiens d'Orient sont le berceau de la chrétienté. Si, à l'évidence, les chrétiens européens n'ont pas vécu ce que leurs familles ont subi ou subissent encore, l'Histoire – avec un grand H – nous commande de nous souvenir.

Le génocide perpétré en 1915, « année de l'épée » en araméen, restera une période sombre, très sombre. Les séquelles de cette tragédie sont encore présentes dans les cœurs de ces familles chrétiennes, qui continuent de lutter pour la reconnaissance, pour la justice et pour la préservation de leur héritage culturel.

Au fil des ans, beaucoup ont été amenés à s'installer en Europe, notamment en France. Non seulement ils sont profondément attachés à ce pays d'accueil et d'amitié, mais surtout ils y ont trouvé les racines chrétiennes qui sont également les leurs.

Depuis le baptême de Clovis, la France est la fille aînée de l'Église. Nous pouvons en être fiers, et nous devons aussi en être dignes. Cette reconnaissance ne doit pas seulement se limiter au passé ; elle doit aussi illustrer la ferveur avec laquelle nous devons combattre le fanatisme et la radicalisation partout où ils se trouvent, à l'intérieur de nos frontières et au-delà. Chaque jour, des milliers de chrétiens font face à des massacres, des atrocités et sont menacés de mort.

Si, en Occident, la tentation est de plus en plus grande de renoncer au christianisme et de sombrer dans le relativisme woke, il est plus qu'essentiel que la France s'engage et rappelle que le christianisme est son histoire, son identité, et qu'il a façonné nos relations humaines.

La volonté de tout déconstruire et de mettre notre société occidentale et notre civilisation à genoux est une forme de terrorisme, aussi perfide que dangereux. Car c'est bien la foi chrétienne et la foi en l'humanité qui, par leur universalisme, ont œuvré à la construction, tant philosophique que politique, de notre civilisation.

Parce que la France doit dire qu'elle ne renoncera pas et qu'elle continuera d'agir sans relâche et avec force, j'ai déposé, il y a plus d'un an – à la suite de l'adoption de la proposition de résolution par le Sénat –, un texte tendant à ce que notre assemblée reconnaisse le génocide perpétré à l'encontre des communautés assyro-chaldéennes et syriaques. Depuis, les députés Renaissance nous ont rejoints, partageant notre volonté. Néanmoins, ils ont préféré inscrire leur texte, plutôt que le nôtre, à l'ordre du jour.

S'il est heureux que les élus de la nation française parlent d'une seule et même voix, certaines attitudes, certaines tactiques – j'ose le dire, monsieur le président Maillard – ne sont pas à la hauteur des enjeux que l'on prétend défendre.

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