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Intervention de Jean-Paul Mattei

Séance en hémicycle du lundi 29 avril 2024 à 15h00
Débat d'orientation et de programmation des finances publiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Mattei :

La décision prise vendredi soir par deux agences de notation de ne pas dégrader la note de la dette souveraine française, et plus encore de maintenir une perspective stable, a été, pour certains esprits chagrins, source d'une importante déception. En effet, pour eux, une dégradation aurait dû consacrer leur lecture politique de l'état de nos finances publiques.

Pour nous, ces décisions ne sont pas une surprise, et nous n'avons pas eu à les fêter : elles viennent simplement conforter la politique que nous menons. Car ce n'est pas uniquement le déficit ou la dette que les agences évaluent : c'est notre capacité à rembourser cette dette dans le futur, c'est le potentiel économique de notre pays.

Ce potentiel économique nous donne plusieurs raisons d'être optimistes : le pays se réindustrialise, le chômage diminue, la compétitivité s'améliore. Certes, tout n'est pas parfait, loin de là, et la situation de nos finances publiques mérite qu'on y soit attentif car nous avons l'une des dettes en proportion du PIB parmi les plus élevées de la zone euro.

Plus encore, notre déficit reste trop important. Il faut le dire : si nous devions continuer ainsi, la situation ne serait pas tenable à long terme car nous devrons, dans les prochaines années, relever de nombreux défis. Le vieillissement de la population ne manquera pas d'entraîner une hausse de nos dépenses sociales ; le dérèglement climatique demandera des investissements absolument gigantesques ; le retour des tensions géopolitiques fait peser un risque général sur les économies.

Pour faire face à ces défis, pour offrir à nos enfants et petits-enfants un pays doté d'autant d'atouts que nous en avons eus, nous avons la responsabilité morale de rétablir nos finances publiques, en partant d'un plan clair, lisible et réaliste qui s'articule en trois parties.

En premier lieu, la maîtrise de nos comptes publics impose de réduire les dépenses, non pas par des coups de rabot aveugles comme beaucoup l'ont fait avant nous, mais par des choix clairs de politiques publiques. Cette baisse doit reposer sur une évaluation plus poussée de nos politiques. Prenons par exemple l'apprentissage : cette politique est indéniablement une réussite mais les effets d'aubaine qu'elle induit devraient nous inciter à définir des critères pour éviter le gaspillage.

De même, nous devons réfléchir au fonctionnement de l'État, de ses opérateurs et para-opérateurs, pour fusionner autant que possible des entités, rationaliser la politique immobilière, revenir sur certaines habitudes aujourd'hui inexplicables.

Pour ce qui est de la sécurité sociale, nous devons investir, pas uniquement financièrement d'ailleurs. Il faudra ainsi renforcer la prévention, parce qu'une maladie évitée, notamment un cancer ou une maladie cardiaque, c'est une dépense écartée pour notre modèle social, mais surtout une vie libérée de ce poids, une famille rassurée.

Ayons le courage de réformer notre système fiscal. Nous devons conserver l'esprit de la politique instaurée en 2017, qui porte aujourd'hui ses fruits. Mais 2017 n'est pas 2024 et notre monde a beaucoup changé depuis. En matière fiscale, notre groupe a adopté une approche assez simple.

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