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Intervention de Anne Bouverot

Réunion du mardi 26 mars 2024 à 18h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Anne Bouverot, co-présidente de la Commission de l'intelligence artificielle :

. – Tout en faisant preuve d'un optimisme raisonné, nous avons examiné les risques portés par l'IA. Vis-à-vis du deep fake, par exemple, des approches technologiques ou juridiques existent, avec notamment le watermarking permettant de marquer publiquement les vidéos générées par une IA. Il importe également de condamner les usages frauduleux ou antidémocratiques. En parallèle, il apparaît nécessaire de familiariser nos concitoyens avec les risques portés par l'IA. C'est pour cela que nous avons préconisé la mise en œuvre, dès la maternelle et à tous les âges, d'actions de sensibilisation. J'estime qu'il conviendrait par ailleurs de nous doter de lieux de recherche et d'alimentation du débat public autour des risques liés aux usages de l'IA. Un institut « IA et Société » vient d'être créé en ce sens par l'ENS et l'Université Paris Dauphine, en toute indépendance vis-à-vis des grands acteurs de la tech.

L' AI Act, quant à lui, a été adopté. Il importe désormais de réfléchir à sa mise en œuvre, pour que celle-ci soit la plus pertinente et la plus simple possible. Cette mise en œuvre nécessitera une compréhension technique de l'IA. Il conviendra pour cela d'engager des discussions avec des chercheurs et des représentants d'entreprises. Ceci met en évidence l'importance de disposer d'une recherche publique indépendante et de qualité pour accompagner les régulateurs.

Pour ce qui est de l'impact environnemental de l'IA, nous avons regretté de ne pas pouvoir traiter mieux cet enjeu. Il s'agit effectivement d'un sujet majeur. D'une part, il nous faudra considérer l'impact environnemental des infrastructures de calcul et de stockage des données nécessaires au développement de l'utilisation de l'IA, avec des enjeux en termes de consommations énergétique, d'eau et de terres rares, mais aussi d'émissions de carbone. D'autre part, il nous faudra aussi envisager les perspectives d'optimisation, à travers l'IA, de nos consommations et de nos émissions. Il existe aujourd'hui peu de données disponibles concernant ces impacts. Il s'agira néanmoins de faire preuve de transparence à cet égard. Aujourd'hui, les entreprises ou les collectivités considèrent surtout des critères technologiques, d'efficacité et de prix des modèles d'IA. Demain, l'enjeu sera de faire en sorte que leurs choix puissent aussi être guidés par des critères environnementaux. En parallèle, il s'agira d'encourager la recherche et le développement de solutions plus frugales, le cas échéant avec des modèles plus verticaux et plus spécifiques.

Pour ce qui est du pilotage de la mise en œuvre des recommandations de notre rapport, je vous retournerai la question. Comment pourrions-nous aider le Gouvernement et le Parlement ? Notre commission pourrait-elle demander à bénéficier d'un travail de suivi, le cas échéant semestriel ? D'autres moyens pourraient-ils être envisagés ? Votre expérience dans ce domaine nous serait précieuse.

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