. – Monsieur le président de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), Madame et Monsieur les co-présidents de la Commission de l'intelligence artificielle, chers collègues députés et sénateurs, avec l'apparition de ChatGPT il y a un an et demi, le grand public a pris conscience de ce que les spécialistes savaient et disaient déjà : l'intelligence artificielle (IA) est une rupture technologique majeure, une innovation qui pourrait bouleverser tous les secteurs, comparable en cela à la machine à vapeur, à l'électricité ou à l'internet, et avec l'IA générative et les grands modèles de langage, cette révolution vient de s'accélérer.
L'OPECST et la délégation sénatoriale à la prospective, à travers leurs travaux, ont également pris conscience de cette accélération inévitable.
Nous sommes aujourd'hui réunis pour entendre Philippe Aghion, économiste de l'innovation, et Anne Bouverot, présidente du conseil d'administration de l'École normale supérieure, nous présenter les conclusions du rapport établi par la Commission de l'intelligence artificielle, installée en septembre 2023 par la Première ministre de l'époque.
Ce rapport a été remis au Président de la République il y a deux semaines. Nous sommes très fiers que vous puissiez aujourd'hui en faire la présentation devant les parlementaires, dans le cadre de cette audition publique.
Ce rapport était très attendu par de nombreux acteurs. Il a par exemple été discuté ce matin par la REF Numérique du Medef, qui a notamment relevé le montant des investissements recommandés pour permettre à la France de prendre le tournant de l'IA. Nous pourrons évoquer ensemble ce sujet, qui soulève également des enjeux de soutenabilité des finances publiques.
La délégation sénatoriale à la prospective, qui n'a pas d'équivalent à l'Assemblée nationale, a fait collectivement le choix de s'intéresser plus particulièrement cette année aux usages de l'IA et notamment à la manière dont elle pourrait transformer le service public. Dans cette optique, nous avons déjà auditionné le co-président du Conseil national du numérique, Gilles Babinet.
Nous sommes convaincus que l'IA peut rendre le service public plus efficace, mais aussi plus humain. À la lecture de votre rapport, il apparaît cependant qu'il faudra « accélérer, amplifier, généraliser et décliner par service public la mobilisation des administrations publiques autour de l'IA ».
La délégation a, elle aussi, retenu cette approche thématique. Le premier rapport de notre série sur l'IA portera sur les impôts, les prestations sociales et la lutte contre la fraude. Il sera présenté la semaine prochaine par Sylvie Vermeillet et Didier Rambaud. D'autres rapports suivront sur les enjeux de l'IA vis-à-vis de la santé, de l'éducation, de l'environnement et des territoires.
Ces réflexions permettront de développer une approche transversale, en mobilisant différentes instances du Sénat. Le Groupe d'amitié France-États-Unis procède, en ce moment même, à une audition sur le sujet. Pascale Gruny et Ghislaine Senée sont également présentes parmi nous ce jour pour la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales.
Aujourd'hui, nous souhaiterions connaitre votre vision d'ensemble des enjeux liés à l'IA, vous qui estimez nécessaire de « relever le défi de l'IA », sous peine de perdre la « maîtrise de notre avenir », et appelez de vos vœux « une mobilisation collective, massive, sans délai et au long cours ». Comment faire et par où commencer ? Nous vous interrogerons également sur les enjeux financiers associés, ainsi que sur les enjeux liés aux données, avec en point de mire la question du rôle de la Cnil.