Je remercie l'ensemble des groupes qui soutiennent cette proposition de résolution européenne. Mme Annick Cousin, vous affirmez que l'Union n'a pas de compétences en matière de santé. C'est faux, c'est indiqué dans le TFUE et notamment son article 4 qui prévoit une compétence d'appui en matière de santé publique. L'article 168 prévoit d'encourager la coordination en matière de santé publique ainsi qu'en matière d'égalité hommes femmes. Quant à votre absence de participation au vote, nous ne sommes pas surpris puisque cela permet au RN, et à l'extrême droite de façon générale, de masquer son mépris pour les droits des femmes. C'est d'autant plus vrai quand vous vous prévalez de Viktor Orban en Hongrie, obligeant les femmes souhaitant avorter à écouter les battements de cœur du fœtus. C'est également vrai quand vous avez comme alliée Georgia Meloni qui effectivement ne change pas la loi mais agit sur la clause de conscience au point que 70 à 80 % des médecins refusent de pratiquer l'avortement en Italie.
Quant au collègue Fabien Di Filippo qui affirmait qu'il n'y avait plus d'opposition à l'avortement sur nos bancs et que la constitutionnalisation ne servait donc à rien, je vais lui lire certaines déclarations de nos collègues. Je passe sur Marine Le Pen qui voulait dérembourser les avortements dits « de confort ». Je peux aussi vous parler de Caroline Parmentier, députée du Pas-de-Calais qui regrettait qu'après avoir « génocidé » les enfants français à raison de 200 000 par an – soit le nombre d'avortements – ceux-ci étaient remplacés par des migrants. Je peux vous parler de Hervé de Lépinau, député RN du Vaucluse, qui compare l'avortement au génocide arménien, rwandais et à la Shoah et aux crimes de Daesh. Je peux vous parler de Christophe Bentz, député de Haute-Marne, qui compare l'avortement à un « génocide de masse » ou encore de Philippe Ballard, ou même de Laure Lavalette qui proposaient tout simplement en 2014 de supprimer l'avortement. Il reste donc des adversaires farouches à l'avortement, l'extrême droite en étant l'une des pointes les plus avancées.
Vous me permettrez M. Di Filippo de dire que j'ai moi-même avorté et que je ne considère pas cela comme un « drame ». Si pour certaines femmes c'est une douleur, et je le respecte, pour beaucoup d'autres c'est un soulagement de pouvoir avorter et choisir quand une grossesse doit être menée à son terme.
Lorsque vous dites que ce que nous faisons n'a aucun sens, je vous rappelle que j'ai commencé mon propos en expliquant à quel point le droit à l'avortement était une question de vie ou de mort dans le monde, et notamment de la mort de six femmes polonaises depuis la quasi-interdiction du droit à l'avortement dans ce pays. Je pense que vous pourriez respecter le fait que ce n'est pas une question ni d'hypocrisie ni de symbole mais une question fondamentale des droits des femmes.