– Toutefois c'est en orbite basse que l'activité spatiale a connu le développement le plus spectaculaire, comme le montre le graphique suivant. L'axe des abscisses retrace l'altitude (en kilomètres) et l'axe des ordonnées le nombre de satellites.
(image non chargée)
Cette surpopulation, d'origine récente, est due à la multiplication des lancements de satellites par Starlink, l'entreprise d'Elon Musk. L'année 2023 a marqué un pic très notable et l'activité n'est pas près de s'arrêter.
L'encombrement spatial présente plusieurs effets négatifs.
D'abord, il perturbe l'observation astronomique. Deux membres de l'Académie des sciences, François Baccelli et Jean-Loup Puget, nous ont signalé ce problème qui n'est heureusement pas sans solutions. Par exemple, Starlink, alerté par l'Union astronomique internationale, a adopté pour ses satellites une peinture moins réfléchissante, qui gêne moins l'observation.
Ensuite, il y a des risques accrus de rentrée incontrôlée dans l'atmosphère. Tous les objets en orbite basse finissent en effet par retomber sur Terre sans brûler entièrement : 10 % à 40 % de leur masse s'écrasent à la surface du globe. Certes, pour la rentrée dans l'atmosphère d'un satellite de 2,3 tonnes, en février 2024, l'Agence spatiale européenne (ESA) estimait le risque d'un choc sur un individu à 1 sur 100 milliards, mais l'appréhension gauloise de voir le ciel nous tomber sur la tête n'en reste pas moins fondée…
Enfin, le problème le plus préoccupant est celui des collisions potentielles. En orbite basse, les objets se déplacent à la vitesse moyenne de 7,5 km/seconde, vitesse à laquelle un débris en aluminium d'un millimètre de rayon produit autant de dégâts qu'une boule de bowling lancée à 100 km/h.
La collision la plus importante connue à ce jour est celle des satellites Kosmos 2251 et Iridium 33, qui, le 10 février 2009, se sont percutés au-dessus de la Sibérie à 789 kilomètres d'altitude. Le premier était un ancien satellite russe qui n'était plus en service depuis 1995, mais la trajectoire de l'autre, encore opérationnel, aurait pu être modifiée. Ils furent instantanément pulvérisés, générant à leur tour de nombreux débris. Au total, 10 000 tonnes de matériel, soit l'équivalent de la masse de la tour Eiffel, tournent au-dessus de nos têtes.
Les collisions pourraient ainsi devenir la principale source de débris. Un scientifique de la Nasa, Donald J. Kessler, estime que les débris causés par les collisions en orbite basse, engendrant des collisions toujours plus nombreuses, pourraient ouvrir la voie à une progression exponentielle de leur nombre total. Cette réaction en chaîne, appelée syndrome de Kessler, ne s'est pas encore produite.