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Intervention de Gérald Darmanin

Réunion du jeudi 11 avril 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d'outre-mer

Gérald Darmanin, ministre :

Je laisse à la ministre déléguée chargée des outre-mer le soin de coordonner l'action de l'État dans les outre-mer, en lien direct avec les préfets. Je pense qu'elle tient avec ces derniers une réunion en visioconférence par semaine, comme le faisaient d'ailleurs ses prédécesseurs. Je demande moi-même à chaque préfet affecté dans les outre-mer de me transmettre, toutes les semaines, une synthèse des informations relatives à son territoire, que je lis personnellement après que mon cabinet l'a annotée ; le sujet des risques y est naturellement abordé, ce qui nous permet de nous assurer de la bonne préparation des équipes et d'examiner les demandes dans une perspective interministérielle.

L'action de la ministre déléguée chargée des outre-mer est, par nature, interministérielle. C'est à elle de s'assurer du bon fonctionnement de cette interministérialité, en lien avec la ministre de la santé et le ministre de la transition écologique.

L'action du ministère de la santé est très importante, même si nous n'avons pas beaucoup évoqué les nombreux risques sanitaires auxquels sont confrontés les outre-mer. Ainsi, quelques cas de choléra ont été signalés à Mayotte. On pourrait multiplier les exemples de situations, parfois extraordinaires, qui nécessitent des réponses très rapides de la part de l'État, y compris en matière de prévention. Les aléas naturels sont d'ailleurs souvent à l'origine de risques sanitaires, du fait du manque d'eau, de la pollution de cette dernière, du manque de nourriture ou de l'arrivée de nuisibles. Si vous interrogez la ministre par écrit, elle pourra vous expliquer comment elle réalise ce travail, notamment dans le domaine de la communication. À ce titre, nous pouvons heureusement compter, en cas de coup dur, sur l'armée française, bien équipée technologiquement et bien implantée dans la quasi-totalité des territoires ultramarins. Ce sont d'ailleurs souvent les forces armées qui sont chargées des moyens de communication, qu'il s'agisse des radars, comme à Mayotte, dans les Antilles et en Guyane, ou surtout des moyens satellitaires que vous avez évoqués. Le ministère de l'intérieur est le parent pauvre dans ce domaine au regard des capacités dont dispose le ministère des armées.

S'agissant des questions budgétaires, nous ne savons pas à quelle sauce nous serons tous mangés, mais nous avons pris soin d'éviter que les restrictions budgétaires souhaitées par le Gouvernement, dans les conditions que vous connaissez, concernent la sécurité civile. Le décalage de quelques lignes que vous pourrez constater ne s'explique que par des raisons d'opportunité industrielle. Ni la création d'une Formisc supplémentaire, ni la fourniture des moyens aéroportés que vous nous avez octroyés, ni l'organisation des journées de résilience ne sont remises en cause.

Au sein de l'éducation nationale, qui a un rôle particulier à jouer dans ce domaine, ainsi que dans les RSMA, la généralisation des formations aux gestes de premier secours est importante. Un travail de sensibilisation aux risques devrait aussi être réalisé dans le monde de l'entreprise. Il est indispensable de former les jeunes, mais ces derniers ne deviendront pas tout de suite adultes ; or des aléas peuvent se produire dès demain. Il ne me semble pas que toutes les entreprises présentes dans les outre-mer aient conscience de cette nécessité : nous découvrirons sans doute que beaucoup d'entre elles ne font rien dans ce domaine. C'est aussi le cas des collectivités locales, qui sont, dans les outre-mer comme partout ailleurs, de gros employeurs, et qui devraient mieux sensibiliser leurs agents.

Vous le savez, l'expérimentation du service national universel (SNU) concerne aussi les territoires ultramarins. Si le projet de généralisation de ce programme va jusqu'au bout, il conviendra d'organiser dans ce cadre une demi-journée ou une journée japonaise ou de prévention des risques. C'est en tout cas la demande que j'ai faite au Président de la République. Du point de vue budgétaire, cela ne coûterait pas grand-chose, puisque les jeunes de 16 à 18 ans – je ne sais pas quel sera l'arbitrage final – seront déjà, si j'ose dire, à la disposition de l'État : autant leur inculquer la culture de la résilience de la nation ! Les pompiers, policiers et gendarmes pourraient tout à fait intervenir. Quoi qu'il en soit, ils seront disponibles pour organiser une telle journée.

Sur l'information, enfin, le travail interministériel est plutôt bon. Ce n'est pas sur la question des risques que nous avons le plus de difficultés avec nos collègues des autres ministères. Nous avons tous conscience en effet que les risques en outre-mer nous apprennent aussi des choses sur ceux que peut connaître l'Hexagone. Il peut y avoir des discussions au sujet de l'investissement ou de l'attractivité de la fonction publique, par exemple, mais sur la question des risques, je trouve que mes collègues du Gouvernement sont très attentifs aux demandes des préfets.

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