S'agissant de l'atténuation, nous suivons des objectifs chiffrés de réduction des émissions. Il est facile d'installer une cible, de la découper en briques pour chacun des secteurs, puis en sous-briques pour chacun des leviers et des secteurs. Nous proposons ensuite les mesures de politique publique.
Les enjeux d'adaptation comme de biodiversité forment une matière plus diffuse et les enjeux territoriaux apparaissent beaucoup plus forts. Nous assistons donc à une forme de différenciation des enjeux à l'échelle territoriale. Le sujet ne peut pas être attrapé par un seul bout et nous sommes obligés de combiner plusieurs approches.
Je cite d'abord l'approche des risques. Nous pouvons prendre les risques les uns après les autres et vérifier où nous en sommes. Des travaux ont déjà été lancés, notamment sur le trait de côte, qui a fait l'objet d'un comité national et un décret qui liste un certain nombre de communes. Le travail de la mission menée sur les assurances vient de rendre ses conclusions. Nous trouvons divers sujets sectoriels.
J'ai commencé à évoquer l'approche selon les temporalités. La gestion des crises se matérialise aujourd'hui, nécessitant d'adapter les investissements en flux, en nous assurant de ne pas nous tromper ces prochaines années. Nous devons également préparer l'avenir en l'étudiant et embarquer les acteurs concernés.
L'État mettra en place un certain nombre d'actions, de normes et de financements, mais il nous faut savoir de quelle manière les acteurs s'approprient ces enjeux et dessinent leur propre stratégie d'adaptation à leur échelle. Cela vaut pour les collectivités et les entreprises.
Nous sommes obligés de jouer sur ces différents niveaux afin de mieux capter les sujets d'adaptation. La démarche de territorialisation a été engagée l'année dernière au travers des Cop territoriales. Trois ont été initiées pour les outre-mer. L'objectif est de confronter les trajectoires nationales aux trajectoires régionales et, surtout, d'engager une réflexion sur les actions à mettre en place, sans rester sur la seule logique d'objectifs et de trajectoires. Il est vrai que les sujets d'adaptation ne figuraient pas au menu, à titre principal, des Cop lancées l'année dernière, dans le sens où la stratégie nationale n'était pas prête. Il était plus facile de travailler sur la base d'une stratégie d'atténuation, conçue pour l'horizon 2030.
Le même constat vaut pour la biodiversité et le plan eau. Nous étions en attente d'avoir finalisé les travaux nationaux avant d'engager ces travaux dans le périmètre des Cop, à l'exception des outre-mer. Conformément à la demande du Ciom et des collectivités elles-mêmes, les enjeux d'adaptation ont été placés un peu plus haut à l'agenda des premières Cop. La difficulté est que nous sommes moins en capacité de fournir un cadrage national précis, comme nous avons pu le faire pour les autres enjeux. Il y a donc cette dimension un peu exploratoire.
Il faut aussi considérer que les copies qui seront rendues à l'issue des Cop intégreront des notions de trajectoires et d'objectifs et dévoileront quelques premières actions, mais ce ne sera pas la fin de l'histoire. Il existe cet aspect itératif entre la vision territoriale et la vision nationale, selon un enjeu de pilotage très fort, encore plus fort sur les enjeux d'adaptation compte tenu des incertitudes que j'évoquais. Nous devons nous adapter de façon souple en fonction des actions menées, du retour d'expérience, des études qui apporteront progressivement une source de connaissances et des orientations sur les choix opérés. Ce sont des enjeux de pilotage très forts et une articulation entre l'État et les collectivités territoriales, peut-être encore plus forte que pour les autres dimensions de la planification écologique.