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Intervention de Sylvie Gustave Dit Duflo

Réunion du jeudi 4 avril 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d'outre-mer

Sylvie Gustave Dit Duflo, vice-présidente du conseil régional de la Guadeloupe :

Très bien. L'archipel de la Guadeloupe, comme vous le savez, se trouve en milieu tropical et, de ce fait, les risques majeurs qui peuvent l'impacter sont multiples. Il y a bien évidemment les aléas climatiques qu'illustrent les cyclones et les phénomènes d'inondation. Le réchauffement climatique s'accompagne de périodes de sécheresse, sur plusieurs années.

L'archipel de la Guadeloupe se situe sur la plaque caraïbe, qui glisse et peut donner lieu à des risques sismiques d'origine tectonique.

Parmi les aléas majeurs, je cite aussi la Soufrière, un volcan toujours en activité, qui culmine à plus de 1 700 mètres de hauteur. Nous parlons d'un volcan de type péléen, c'est-à-dire composé d'un magma visqueux et explosif. Il est appelé ainsi en rapport avec la montagne Pelée et les dégâts occasionnés en 1902.

Heureusement, nous ne souffrons pas de phénomènes d'incendie, mais nous cumulons quand même un certain nombre de risques majeurs, qu'il convient de prendre en considération.

Je propose de structurer ma présentation entre une partie consacrée aux actions bénéfiques et une autre relative aux domaines pour lesquels il nous faut encore progresser.

Aujourd'hui, la population appréhende bien le risque d'inondation et les risques cycloniques, même si les petits cyclones ou tempêtes tropicales, de catégorie 1 ou 2, avec des forces de vent inférieures ou égales à 120 km/h, sont quand même susceptibles de générer des inondations, à l'instar de la tempête Fiona en 2022.

Il nous faut prendre en compte l'ensemble de ces éléments lorsque nous habitons un territoire comme celui de la Guadeloupe. La résilience doit être construite sur la base de moyens structuraux, comme les fonds Barnier et Feder. La région Guadeloupe, en maîtrise d'ouvrage, accompagne les collectivités, notamment les petites communes qui ne sont pas dotées d'une ingénierie nécessaire pour réhabiliter les écoles et les mettre aux normes sismiques et parasismiques. La région intervient également sur les axes routiers et les infrastructures.

Notre travail, qui vise à résister aux phénomènes climatiques, passe par un souci d'anticipation. À ce titre, nous finançons des études visant à mieux comprendre les phénomènes qui nous impactent. Par exemple, le projet C3AF a permis d'utiliser la modélisation de la houle née du passage du cyclone Maria pour anticiper l'évacuation de la population.

Nous finançons les études du BRGM et celles menées au sein de l'université des Antilles. Plus récemment, nous avons financé le groupe régional des experts du climat, notre petit Giec local, le Grec-Guadeloupe. Il nous apporte une visibilité sur les aléas susceptibles d'impacter notre territoire entre 2030 et 2050. Nous étudions la météorologie, la gestion de l'eau, les sécheresses, la pluviométrie, la survenue de phénomènes cycloniques plus intenses. Le souhait est aussi que ce groupe d'experts nous apporte une prospective sur l'agriculture, la santé ou encore la gestion de l'eau, c'est-à-dire tous ces enjeux à prendre en considération lors d'une gestion de crise.

Ces dernières années, nous nous sommes beaucoup attachés à la prévention. J'ai vécu deux ans à San Francisco, ville située sur la faille de San Andreas. Les habitants attendent tous le big one et ont su entretenir une vraie culture du risque. C'est fort de ces observations pendant mon séjour américain que nous avons voulu impulser, avec le président de la région, Ary Chalus, une politique de prévention qui ne soit pas que conceptuelle. Ainsi, nous participons à la formation des constructeurs de bâtiments et assistons à un certain nombre d'évènements. Surtout, nous avons voulu amplifier la sensibilisation opérationnelle. Voir une vidéoprojection d'un séisme ou le vivre en situation ne représente pas la même expérience. Sous la houlette de Monique Apart et de Maeva Govindin, nous faisons vivre des expériences immersives aux agents et élus régionaux, consistant à choisir un bâtiment public et à le transformer en immeuble sur le point de se dégrader à cause du risque sismique. Pendant la matinée, à l'aide d'acteurs, les élus et agents découvrent la réalité du risque, constatent la difficulté d'emprunter un escalier branlant sur le point de s'effondrer, apprennent à utiliser une trousse de secours et procèdent aux meilleurs choix dès lors qu'ils occupent des fonctions de responsabilité.

La collectivité régionale s'est résolument engagée sur la structuration en apportant son expertise aux petites communes, parfois privées des moyens nécessaires pour mettre aux normes leur parc scolaire. La région participe à la formation des professionnels. Nous avons à ce titre assisté à un congrès véritablement dédié aux normes sismiques et parasismiques. Notre rôle consiste aussi à assurer la prévention de la population. Nous avons lancé cette expérience immersive auprès des agents régionaux, que nous élargirons aux lycéens et, pourquoi pas, au grand public.

Nous avons complété le questionnaire que vous nous avez adressé. Il sera à votre disposition à l'issue de cette audition.

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