Je voudrais pour ma part revenir sur le sujet de la ligne éditoriale.
Dans mon travail un peu particulier de médias incarné, ma volonté est de pouvoir couvrir des sujets qui relèvent de ma propre curiosité tout en restant dans une logique vraiment servicielle.
Il y a deux ou trois ans, l'offre de podcasts ou celle proposée par YouTube qui rencontrait un vrai succès en termes d'information, d'actualités, de sujets de société et de politique était une offre d'extrême droite ou d'extrême gauche, une offre polarisée qui s'adressait à une audience très militante. Ce phénomène persiste aujourd'hui mais nous sommes désormais quelques-uns à essayer de donner des clés de lecture plurielles sur l'information. Nous sommes plusieurs à partager cette volonté d'inviter les représentants de toutes les familles politiques lors des campagnes électorales.
Par exemple, dans le format que je réalise dans le cadre des élections européennes, j'ai décidé d'inviter Jordan Bardella et Marion Maréchal. Je les invite non pas parce que j'adhère à leurs idées mais parce que 35 % des Français comptent voter pour les partis qu'ils représentent aux élections européennes. C'est une démarche servicielle, apartisane et non-militante.
Pour être transparent, je produis une émission où j'interviewe chacun des sept partis candidats aux élections européennes avec des têtes de liste à plus de 5 % dans les sondages. Chaque émission me coûte 10 000 euros à produire, soit 70 000 euros au total, et je ne peux espérer que 8 000 euros maximum de la part de YouTube en termes de revenus publicitaires. Je suis donc obligé de m'autofinancer alors même que ce sera probablement le premier ou le deuxième format sur YouTube par lequel vont s'informer les jeunes de 18 à 34 sur les élections européennes. C'est malheureusement une réalité qui nous conduit à nous interroger sur notre pérennité en tant que médias.