Intervention de Rémy Buisine

Réunion du jeudi 28 mars 2024 à 11h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Rémy Buisine, journaliste chez Brut :

Nous avons effectivement lancé une application mais ce n'est plus du tout une priorité aujourd'hui. Concernant le site internet, la question est plus technique. Il faut savoir que le trafic sur le site est très faible par rapport à l'audience globale sur les réseaux. Notre audience provient à 99,9 % des différentes plateformes. Cependant en 2017, lorsque nous sommes passés devant la commission compétente pour obtenir notre première carte de presse, il nous a été demandé d'avoir un site internet. Nous avons donc créé un site pour pouvoir prétendre à l'obtention de la carte de presse.

Les relations que nous avons avec les plateformes sont plutôt cordiales. Concernant le vol de contenu qui a été évoqué, des personnes qui ne connaissent pas forcément le droit d'auteur vont effectivement reprendre nos vidéos et les diffuser. C'est un problème que nous rencontrons fréquemment sur TikTok, d'autant plus perturbant que ceux qui reprennent nos contenus ont parfois de meilleures audiences que nous. Mais plus que le respect du droit d'auteur, c'est bien la lutte contre la désinformation qui reste notre enjeu principal.

Nous avons une audience très jeune qui est confrontée sur les réseaux à des manipulations de l'information qui servent différents motifs. Il peut s'agir de manipulation à des fins politiques ou plus simplement pour faire le buzz. Dans ce contexte, nous essayons d'accompagner les jeunes dans leur envie d'une information de qualité avec des formats qui sont très différents. Néanmoins, qu'il s'agisse de vidéos d'une minute trente ou de reportages plus longs d'une durée de dix à quinze minutes, la rétention d'audience est très importante. Quand le contenu est intéressant, il est visionné intégralement, commenté et partagé. Notre objectif est d'être présents sur toutes les plateformes, avec des narrations adaptées. La narration sur TikTok sera différente de celle sur YouTube parce que les formats courts conviennent mieux à TikTok et Instagram tandis que YouTube se prête davantage à des formats plus longs.

Par ailleurs, je rejoins les propos précédents concernant l'absence d'accompagnement en termes d'argent public. Il est assez curieux qu'en 2024, des acteurs du numérique qui font parfois des audiences plus importantes que des médias historiques ne bénéficient d'aucun soutien financier public. C'est regrettable car nos médias donnent aux jeunes une information de qualité et sourcée sur des réseaux sociaux où la désinformation est extrêmement présente. Je pense que cet accompagnement des jeunes mériterait de pouvoir bénéficier d'un soutien.

J'estime que la préférence des jeunes pour les nouveaux médias est simplement due à l'évolution technologique. Il y a 30 ans, quand on s'installait dans son premier appartement, on achetait une télévision parce que c'était notre principal vecteur d'information et de divertissement. Aujourd'hui, nous avons tous un smartphone.

Si les jeunes délaissent les médias traditionnels, ce n'est pas parce qu'ils ne veulent plus s'informer et ne s'intéressent plus à l'actualité. C'est juste que les comportements ont changé. C'est la raison pour laquelle Brut a été créé, pour informer et parler aux jeunes sur les réseaux sociaux et les plateformes qu'ils fréquentent, avec les codes correspondants. C'est pourquoi le Brut de 2024 n'est plus celui de 2016. Les codes évoluent, de même que les attentes et les formats, et nous devons nous y adapter.

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