Les essais nucléaires en Polynésie ont été importants pour développer notre arsenal nucléaire, qui confère à la France son statut de grande puissance. Mais nous savons tous qu'ils ont provoqué d'importants dégâts sur la santé des personnes exposées aux radiations, sur la société et l'économie polynésiennes et sur l'environnement.
Ces essais ont en effet entraîné le développement de nombreuses maladies radio-induites au sein des populations comme du personnel exposé. Alors que les atolls de Moruroa et de Fangataufa avaient été choisis pour leur éloignement par rapport aux lieux de vie des Polynésiens, nous savons aujourd'hui que les populations ont subi les conséquences de ces expérimentations hautement toxiques. Ces essais ont également provoqué d'importants dommages environnementaux : il y a eu une pollution des sols et un effondrement des récifs coralliens. Ils ont enfin désorganisé la société et l'économie, occasionnant notamment la disparition du tissu économique traditionnel et d'importants dommages psycho-sociaux.
L'État a reconnu les conséquences de ces essais nucléaires en 2010 par la loi Morin, qui a instauré un mécanisme d'indemnisation des victimes, lesquelles peuvent ainsi obtenir une réparation financière.
Nous nous accordons pour estimer ce système perfectible. Les critères pris en considération pour l'indemnisation font débat au sein de la communauté scientifique : le nombre d'indemnisations accordées est faible au regard du nombre de demandes déposées et il faut sans doute réformer le système. Nous manquons d'informations sur les personnes touchées, parfois parce qu'elles renoncent à leurs droits. La ministre de la santé, Mme Catherine Vautrin, l'a affirmé : au vu de l'avancée de la recherche médicale, la liste des maladies radio-induites doit être allongée et les frais ne doivent pas être supportés par la CPS, mais par l'État. Si celui-ci s'est engagé sur le principe, le montant doit encore faire l'objet de négociations. D'autres sujets, tels que les différents niveaux d'information de la population et du personnel, ainsi que le niveau de connaissance de l'État quand il a choisi la Polynésie, devront aussi être abordés.
Le Président de la République l'a affirmé en 2021 lors de son voyage en Polynésie : la France doit assumer son passé nucléaire, qui fait partie de l'histoire de notre nation. Il s'est engagé à ouvrir les archives, dans la mesure où cela est possible en préservant le secret de notre défense nationale.
Le groupe Démocrate votera la proposition de résolution.