Il n'est pas courant pour notre commission d'entendre un ministre de l'agriculture, mais il est clair que dans le contexte actuel nos deux domaines sont étroitement liés. Il y a une prise de conscience stratégique de l'Europe sur sa politique agricole, ce secteur demeurant un enjeu de souveraineté pour elle et de stabilité pour le monde. Lors d'une récente interview, le Premier ministre Gabriel Attal s'est montré favorable au développement du secteur de l'agriculture en France, plaçant cette dernière au rang des intérêts fondamentaux de la France au même titre que la sécurité, la défense et l'énergie.
La crise sanitaire et la guerre en Ukraine ont rappelé l'importance stratégique de notre agriculture. Ainsi, si l'insécurité alimentaire s'est accrue lors de la pandémie de covid-19, la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine a engendré une hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires. En s'en prenant à la sécurité alimentaire, notamment en fixant des prix zéro aux pays africains, les Russes ont fait de l'alimentation une véritable arme de guerre. Cette ingérence délibérée met en lumière les enjeux complexes liés à la disponibilité et à l'accès aux ressources alimentaires à l'échelle mondiale.
Avec la multiplication des conflits aux portes de l'Europe, il est impératif que les tendances évoluent. Il ne s'agit plus uniquement de s'assurer de la sécurité du cheminement des produits alimentaires, mais d'aller à la quête d'une souveraineté alimentaire. Cela signifie produire plus, protéger mieux et franciser les chaînes d'approvisionnement.
Après deux ans de conflit, quelles sont les conséquences de la guerre en Ukraine pour le monde agricole en France ? Comment protéger les agriculteurs français sans se désolidariser des agriculteurs ukrainiens ?