Il s'agit d'une affaire judiciaire en cours. Vous avez fait état d'un jugement en première instance, mais qui n'a encore été communiqué à aucune des parties. Les commentaires formulés pour l'instant, s'ils sont, j'imagine, conformes à ce que sera le jugement, restent donc sans fondement. La chaîne a décidé a priori de faire appel – a priori car une telle possibilité ne s'ouvre pas avant la communication du jugement. Vous comprendrez que, même devant votre commission, je fasse donc très peu de commentaires.
Je rappellerai juste les éléments de départ. Il s'agit d'un documentaire livré à la chaîne par une société extérieure, sur la base d'une commande émise par le département des documentaires. Ce dernier le réceptionne, et le visionne le cas échéant pour vérifier s'il est conforme à nos demandes et convient pour une diffusion sur la chaîne. Or plusieurs éléments du début de ce documentaire relevaient d'une forme de révisionnisme, développant en gros la thèse selon laquelle Pétain n'aurait pas seulement été le bouclier, mais aurait pu au cours de l'Occupation devenir le glaive, celui qui aurait armé la Résistance extérieure – thèmes bien connus de la défense de Pétain, dont il n'a apporté aucune preuve, comme le montre l'issue de son procès. J'ai bien sûr consulté mon comité de direction, mais diffuser des éléments révisionnistes sur une chaîne évidemment soumise à la loi, et qui plus est publique, me posait évidemment un problème majeur, en tant que responsable légal. Nous avons donc demandé au département des documentaires de faire part de ces problèmes au producteur. La diffusion étant prévue seulement trois jours plus tard, nous nous sommes directement adressés à ce producteur, qui a proposé des modifications parant aux risques que nous avions vus.