Nous avons bien compris que la question de la souveraineté n'avait pas de sens s'agissant de l'alimentation de nos concitoyens – sans vouloir remettre en question le titre de notre commission d'enquête, dont les débats permettent de déconstruire certains raccourcis journalistiques.
Selon vous, notre problème de souveraineté ne concerne pas directement l'alimentation mais tient à notre extrême dépendance en matière d'intrants, de fertilisants en particulier – autrement dit, aux dérivés des phosphates. Cela nous place dans une situation délicate à l'égard du Maroc : comment fermer les frontières à un de leurs produits – les tomates, par exemple – tout en continuant d'en importer un autre – les phosphates –, absolument nécessaire ?
J'ai lu dans des rapports tout à fait sérieux que les phosphates poseraient un véritable problème à partir de 2050, avec une décroissance de la production mondiale due au manque de matière première disponible qui nous mettrait plus qu'en difficulté d'ici à la fin du siècle. Toute idée catastrophiste d'effondrement mise de côté, quelles pistes suggère votre institution pour maintenir la production – si cela est souhaitable – malgré les baisses de rendement provoquées par cette inévitable raréfaction des fertilisants ? L'alimentation de nos concitoyens serait-elle en péril si nous ne changions pas un modèle de production qui nous rend dépendants de ces intrants ?