Nous constatons, s'agissant du moins des produits agricoles et alimentaires, que le marché unique fonctionne : l'essentiel des échanges de chacun des pays européens, à l'importation ou à l'exportation, se font vers un autre pays de l'Union européenne. Dans nos analyses sur la souveraineté, nous ne pouvons pas traiter de la même manière un pays européen et un pays tiers car il y a vraiment une différence de nature.
La fraise constitue un contre-exemple au cas des tomates que vous évoquez. Après de nombreuses années de forte présence des fraises espagnoles, plutôt que marocaines, sur notre marché, nous en avons reconquis des parts, au prix d'un déplacement géographique, la production des fraises se faisant désormais essentiellement en Bretagne. Il n'y a donc pas de fatalité à la perte de compétitivité.
Il est vrai que, pour ce qui est de productions agricoles où le poids de la main-d'œuvre est élevé, nous ne sommes pas forcément les mieux placés, mais tout dépend de ceux à qui nous nous comparons. Nos salaires, dans le secteur agricole, sont comparables à ceux des pays du nord de l'Europe, mais demeurent supérieurs à ceux des pays de l'Est, voire de l'Espagne, même si ces derniers s'en sont récemment approchés. Si nous mettons en regard nos salaires avec ceux du Maroc, en revanche, nous aurons évidemment du mal à être compétitifs, mais je ne crois pas que la fixation des salaires au niveau marocain serait un choix acceptable pour le citoyen français.