La définition qui figure dans le rapport est très équilibrée et ne promeut pas un système autarcique ou d'autosuffisance, mais elle revient à la conception commune de la souveraineté alimentaire qui s'exprime dans la déclaration du Président de la République, citée dans votre rapport : « Déléguer notre alimentation […] à d'autres est une folie. » Ce propos s'inscrit dans un contexte bien particulier, mais il traduit une idée générale que vous rappelez au travers de différents concepts : autonomie alimentaire, indépendance, résilience du système alimentaire, sécurité des approvisionnements, souveraineté alimentaire. La question que tout le monde comprend et qui guide l'ensemble de votre rapport est la suivante : où en sommes-nous de ce que nous produisons nous-mêmes sur place ? On considère communément que la meilleure garantie de la souveraineté alimentaire est de produire localement autant que possible, même si l'autosuffisance est évidemment inatteignable et le commerce nécessaire.
Je suis frappé par le fait que l'on a du mal à appliquer cette idée générale à la souveraineté alimentaire, alors qu'elle ne fait l'objet d'aucun débat s'agissant de la souveraineté énergétique. Ainsi, le rapport de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France indique bien que l'autosuffisance est une illusion, mais affirme que notre objectif est de produire nous-mêmes notre énergie dans la mesure du possible. Pouvons-nous nous mettre d'accord sur cet objectif pour ce qui est de l'alimentation ?