Nous avons proposé une définition de la souveraineté alimentaire non pour clore le débat ou donner le ton pour la suite, mais parce que, au moment de la rédaction du rapport, nous n'avions pas identifié de définition correspondant à l'état d'esprit général postérieur à la crise du covid-19 et au début de la guerre en Ukraine.
La Via Campesina, qui fait partie des mouvements altermondialistes, a proposé en 1996 une définition de cette notion qui visait à compléter celle de sécurité alimentaire, dans un contexte général voulant que cette dernière soit assurée par les échanges. La souveraineté alimentaire revêt une dimension additionnelle d'ordre éminemment politique : il appartient aux États ou aux peuples souverains de déterminer ce qu'ils souhaitent et ne souhaitent pas.
Cette définition de La Via Campesina s'est enrichie, au fil des années et de l'approfondissement de son travail, de dimensions supplémentaires, accordant moins de place à la puissance souveraine de l'État, garante d'une certaine sécurité. Nous assistons en effet à un mélange – qui explique que cette notion a fait l'objet d'un usage important ces dernières années – entre la souveraineté alimentaire au sens des altermondialistes et la souveraineté plus classique, tirée de théories politiques comme celle de Hobbes et davantage employée s'agissant par exemple de la défense, qui met en exergue l'affirmation de l'État en tant que pouvoir, au sens où il définit lui-même les conditions de son existence.
Nous avons cherché à capter ces différentes dimensions, mais FranceAgriMer ne dispose pas des compétences en science politique pour faire le tour du sujet, et nous n'avons jamais prétendu le faire. La définition de la souveraineté alimentaire reste à construire et il est naturel que les débats à son sujet se poursuivent.