S'il s'agit de savoir si le territoire français est suffisant pour nourrir les populations qui y vivent, la réponse est oui, du moins en calories. C'est moins vrai pour certains minéraux ou certaines vitamines ; concernant les fruits et légumes notamment, nous sommes loin de produire tout ce que nous consommons.
Envisager la souveraineté alimentaire suppose de soulever la question du régime alimentaire. Sans minimiser les difficultés de la production agricole dans le secteur des fruits et légumes, la dégradation de notre balance commerciale y est surtout due à l'augmentation de la consommation de fruits tropicaux, que nous ne produisons pas et ne produirons jamais, à moins que le changement climatique ne s'accélère fortement. Il s'agit donc de déterminer quel régime alimentaire la population française souhaite – ce n'est pas quelque chose qu'on peut lui imposer.
Par ailleurs, nous sommes très dépendants de certains facteurs de production agricole. Si nous parvenons à produire assez pour nourrir la population française, du moins en calories, c'est notamment grâce à des importations d'engrais. En la matière, nous sommes très dépendants de pays tiers : la majeure partie des engrais importés ne proviennent pas de l'Union européenne. Il y a là un véritable sujet de souveraineté. Si nous n'importions plus d'engrais azotés ou phosphatés, nous ne parviendrions pas à maintenir les rendements agricoles, même en faisant de grands efforts en agroécologie pour valoriser les matières azotées d'origine animale, etc.
La question de la disponibilité de l'eau se pose également, avec de plus en plus d'acuité. Pour produire, il faut de la terre, du soleil, de l'eau et des engrais.