L'année 1992 marque effectivement une rupture et donne le signal d'une plus grande adéquation entre les décisions des agriculteurs et les attentes du marché.
De son origine à aujourd'hui, la PAC a été un vrai succès en termes de quantité comme de qualité. De fait, nous sommes arrivés à un moment où la notion de souveraineté et de sécurité alimentaire a été jugée comme acquise. Il n'y a pas si longtemps, d'éminents responsables politiques et des commissaires européens considéraient que la souveraineté alimentaire n'était pas un problème et qu'il serait de toute façon toujours possible d'importer.
Cette croyance dans la possibilité d'importer est aussi ce qui sous-tend le Green Deal tel qu'il a été proposé par la Commission européenne. S'il ne s'agit pas de remettre en cause l'objectif final, les moyens d'y parvenir interrogent. La proposition de réduire la production de – 16 % et les cultures arables de – 34 % dans l'Union européenne implique en effet d'augmenter les importations pour continuer à se développer.
Le réveil a été brutal et je pense que la notion de souveraineté alimentaire est ancrée. Est-elle pour autant intégrée dans les décisions qui sont prises au niveau européen ? Non. Entre le covid et la guerre en Ukraine, et encore récemment, la Commission européenne a continué sur la lancée de ses prévisions de 2019 alors que le monde avait changé. De fait, il existe un hiatus entre la prise de conscience et les faits. Je pense qu'il faudra désormais que les décisions soient prises en se demandant si elles affaiblissent l'Europe ou si elles la renforcent.