La France ne peut pas vouloir donner des leçons au monde entier et simultanément réduire de manière totalement disproportionnée les budgets du ministère des affaires étrangères et de l'aide au développement. Il y a là un véritable problème de cohérence entre les discours et la pratique.
Ensuite, vous avez rejoint l'AFD depuis maintenant quelques années. À chaque déplacement que j'ai pu effectuer à l'étranger, les ambassadeurs que j'ai rencontrés se plaignent, avec beaucoup de délicatesse et de diplomatie, de la difficulté à coordonner sur le terrain leurs actions avec celles de l'AFD. Quel est votre sentiment sur ce problème de coordination ?
Par ailleurs, je souhaite revenir sur la concurrence des autres pays. Un dirigeant que j'ai rencontré récemment me disait qu'il avait voulu emprunter de l'argent pour financer une infrastructure. S'il s'était adressé à la France ou à l'Europe, il lui aurait fallu deux à trois ans pour obtenir une décision. En revanche, en quinze jours seulement, les Chinois lui ont proposé un prêt de 2 milliards de dollars sur vingt-cinq ans, avec une franchise d'intérêts pendant huit ans et un taux d'intérêt à 1 %. Il a conclu en me disant : « Dans ces conditions, comment voulez-vous que l'Afrique reste fidèle à la France ? »
J'aimerais connaître votre avis sur cet éparpillement des décisions, des structures et cette absence de cohérence générale.