Exactement.
Grâce à ce mandat pérennisé que le législateur a bien voulu nous confier, nous avons pu développer un certain nombre de domaines d'excellence, comme la gestion des risques nucléaires, bactériologiques ou chimiques, la sécurité portuaire, la criminalité environnementale. Cette offre de coopération technique internationale de la France pourrait sans doute être encore mieux coordonnée.
Nous disposons en notre sein de presque tous les opérateurs de coopération technique. Nous avons accueilli en 2021 nos collègues de Justice Coopération Internationale, l'opérateur du ministère de la justice, ce qui s'est traduit depuis lors par un doublement du portefeuille des projets « justice ». Peu de ministères ont souhaité conserver leurs opérateurs. Dans le champ de l'éducation nationale, France Éducation International réalise une petite partie de ses activités sur la coopération éducative, qui n'est cependant pas exclusive : nous pouvons nous-mêmes mobiliser l'expertise du ministère de l'éducation nationale. De son côté, pour les sujets concernant la police et la gendarmerie, le ministère de l'intérieur a souhaité passer par l'entreprise Civipol, elle-même accréditée auprès de Bruxelles. Nous avons d'ailleurs signé une convention ensemble en 2018, pour clarifier le champ de compétences entre nos deux maisons.
L'ensemble nécessite néanmoins une coordination interministérielle renforcée. À notre niveau, nous travaillons de manière sectorielle avec tous les ministères sur leurs priorités. Nos ministères souhaitent d'ailleurs aller encore plus loin, notamment dans le champ de la coopération sur les sujets de migration.
Avant d'achever mon propos liminaire, je souhaite brièvement mentionner sur le contrat d'objectifs et de moyens qui vous sera soumis pour avis lors des prochaines semaines. Désormais proches de sa finalisation, ses objectifs stratégiques sont établis par le comité interministériel de la coopération internationale et du développement.
Nous devons répondre au double enjeu de lutte contre la pauvreté et de préservation des biens publics mondiaux, en nous engageant sur trois points spécifiques. Le premier concerne la protection de la planète, à travers une action en faveur de l'atténuation et de l'adaptation au changement climatique et pour la préservation de la biodiversité. En outre, nous poursuivrons notre implication dans les enjeux d'économie bleue, qui seront valorisés lors de la convention des Nations Unies sur les océans qui se tiendra à Nice en 2025. La préservation de la biodiversité et le soutien aux démarches locales visent à atténuer l'effet des changements climatiques.
Le deuxième point porte sur le développement économique et social et la lutte contre les inégalités mondiales. Je pense tout particulièrement à des enjeux essentiels : le renforcement des systèmes de santé, la protection sociale, l'éducation, l'enseignement supérieur, l'égalité de genres mais aussi l'entrepreneuriat, le soutien à l'emploi et la formation professionnelle. À titre d'exemples, mentionnons notre action en accompagnement de la formation professionnelle au Rwanda, l'activité de renforcement de l'entrepreneuriat et de l'innovation en Tunisie ou notre action dans le champ du patrimoine et des industries culturelles en lien avec les sujets de restitution sur le palais d'Abomey au Bénin ou le Musée national au Cameroun.
La troisième priorité sectorielle de l'agence – sa marque de fabrique, son « ADN » – a trait au renforcement de la promotion de la gouvernance démocratique, économique et financière, des droits humains, de l'Etat de droit et de la participation citoyenne. Il concerne enfin la gestion et la gouvernance des migrations, sujets sur lesquels nous continuerons à apporter notre pierre à l'édifice de la consolidation de la paix et de la sécurité humaine.
À travers ces grands objectifs, nous cherchons à davantage mobiliser la société française vers l'international, et en particulier trois acteurs principaux. Il s'agit d'abord des entreprises. Par nos financements, nous accompagnons le développement d'un secteur privé sur place, ainsi que la structuration d'un cadre juridique et économique permettant le développement de l'activité de nos entreprises sur le terrain. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les deux pays qui ont le plus conservé de coopération technique – l'Allemagne et le Japon – sont deux grands pays exportateurs.
Ensuite, nous souhaitons mobiliser davantage la jeunesse française sur nos projets, même si nos experts sont plutôt expérimentés. Nous mobilisons par ailleurs l'expertise de nos territoires, de nos collectivités, la région Nouvelle Aquitaine, la région Île-de-France, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, le département de la Charente maritime. Mais nous pouvons encore aller plus loin en lien avec l'AFD.
Géographiquement, notre activité demeure encore très concentrée sur l'Afrique, pour environ 50 %. L'Afrique continuera à être une zone prioritaire pour nous, dans son intégralité. Dans le cadre du nouveau contrat d'objectifs et de moyens, nous fixerons comme objectif d'être présents dans les pays les moins avancés et les plus vulnérables, dont la quasi-totalité se trouvent sur le continent africain. Nous sommes aujourd'hui beaucoup plus présents sur l'Afrique de l'Est, sur l'Afrique centrale, sur l'Afrique australe. Notre présence est désormais très équilibrée sur l'ensemble du continent africain, comme le Rwanda, la République démocratique du Congo, les Comores, l'Éthiopie, l'Angola.