Une des évolutions face à laquelle il nous faut à mon sens légiférer est la concentration croissante du secteur. Cette concentration fragilise l'indépendance de l'information et sa crédibilité. Dans un contexte caractérisé par un interventionnisme croissant de certains actionnaires, les rédactions pourraient utilement avoir le droit de s'opposer, par un vote majoritaire, à la nomination d'un directeur de la rédaction. À ce titre, la société des rédacteurs du journal Le Monde est un excellent modèle. Elle dispose d'un droit de regard sur la nomination ou l'éviction du directeur de la rédaction.
Il me semble nécessaire de mieux concilier aujourd'hui la liberté d'entreprendre et la liberté des médias, toutes deux garanties par notre Constitution. Pourtant, dans le silence de la loi, la première tend dangereusement à prendre le pas sur la seconde. Ce droit d'agrément, proposé par les organisations et associations ayant participé aux États généraux de la presse indépendante et bientôt trop débattu à l'Assemblée, bénéficierait aux rédactions du secteur de la presse écrite comme du secteur audiovisuel, et aurait permis aux journalistes du Journal du Dimanche de sauvegarder leur indépendance. C'est une proposition que j'ai faite en mon nom à l'issue de la mission d'évaluation de la loi « Bloche » que j'ai menée pendant plusieurs mois avec la présidente Isabelle Rauch. J'aimerais connaître votre avis sur l'instauration d'un droit d'agrément et plus globalement sur la mise en place d'outils légaux à la disposition des journalistes pour leur permettre de faire valoir leur liberté face à la place grandissante prise par l'actionnariat.