Le comité de l'intelligence artificielle générative, sous l'autorité du Premier ministre, vient de publier son rapport où il formule vingt-cinq propositions. Parmi elles, une seule concerne la protection du droit d'auteur et elle reste malheureusement très vague. La technologie de l'intelligence artificielle peut trouver des applications absolument partout : la santé, l'écologie, l'économie, l'éducation, la défense, l'aérospatial, etc. Elle pourrait probablement même faire le café mais dans le domaine de la culture et des médias, son utilisation interroge. Une intelligence artificielle nécessite quantité de données pour s'exercer et se perfectionner. Ces données proviennent de livres et d'articles de presse écrits par des humains, de photographies et de peintures produites par des humains, des films et des vidéos d'humains. Dans le monde capitaliste dans lequel nous vivons, ces êtres humains ont un droit à l'image et un droit sur leurs œuvres.
Aucune mesure n'est actuellement prise pour protéger les créateurs dont le travail est illicitement utilisé pour entraîner des IA. Avez-vous des propositions ou des réflexions approfondies sur ce sujet ?
De même, l'IA pourrait entraîner une forte augmentation de la productivité suivie d'une reconfiguration des emplois dans de nombreux secteurs, y compris celui des médias. Cependant, il existe un risque démocratique lié au développement de l'IA dans cet espace notamment si elle devient une pratique hégémonique en imposant un fonctionnement uniforme. Certains acteurs du secteur commencent à prendre conscience de cette problématique comme en témoigne l'adoption de la charte « éthique intelligence artificielle » par le quotidien Le Monde. Quelle est votre opinion sur ces enjeux ? L'utilisation croissante de l'IA et la pression exercée par les propriétaires sur les rédactions risquent de provoquer une crise dans le paysage médiatique et démocratique.
Enfin, ne croyez-vous pas qu'il serait nécessaire d'ouvrir un grand chantier démocratique et de réfléchir même à un moratoire pour encadrer et accompagner cette technologie ? Ne devrions-nous pas organiser les conditions d'une appropriation collective de l'IA et de ses enjeux afin de définir collectivement son rôle dans notre société et dans nos vies quotidiennes ?