Je souhaiterais vous interpeller sur la question de la place de nos médias. Si nous pouvons tous nous féliciter d'avoir su préserver une souveraineté audiovisuelle, celle-ci n'en est pas pour autant exemptée de menaces. Je ne compte plus les entreprises privées ou publiques de l'audiovisuel français qui m'ont fait part de leurs inquiétudes concernant la prédation constante des plateformes américaines vis-à-vis de leur modèle. Ces chaînes de télévision, qui font face au développement des téléviseurs connectés, s'inquiètent de voir leurs utilisateurs recevoir des télécommandes avec uniquement des touches qui renvoient vers des plateformes, quand ces écrans ne privilégient pas les mêmes plateformes au détriment des chaînes de la TNT. Ces plateformes disposent également d'un budget colossal pour la création audiovisuelle, comparativement au budget de l'ensemble des acteurs nationaux. Il faut dire que les deux tiers des revenus publicitaires sont captés à présent par le numérique.
Nos chaînes de radio s'inquiètent quant à elles de la disparition progressive des autoradios, remplacées par des interfaces connectées qui invisibilisent aussi progressivement les stations françaises.
Ne pensez-vous pas que, face à ces mutations du marché, la loi de 1986 est devenue obsolète pour protéger efficacement notre souveraineté audiovisuelle ?
Enfin, concernant la presse, les différents acteurs ne cessent de se plaindre de la non-application des lois votées concernant le droit voisin. En audition, des représentants de la presse magazine rappelaient que la majorité des entreprises du numérique ne jouent pas le jeu de la négociation. Les médias de presse estiment qu'ils ont perdu la moitié de leurs revenus publicitaires ces dix dernières années et que 90 % des volumes correspondants ont été captés par les Gafam. Pensez-vous qu'il soit possible d'aller encore plus loin pour contraindre les plateformes au niveau national ?