La première question porte sur l'espace politique disponible pour ce genre d'intervention européenne. L'opération Artémis avait été mandatée à l'époque par le Conseil de sécurité de l'ONU, qui faisait alors preuve d'une plus grande unité qu'aujourd'hui. Actuellement, il me semble que les réticences seraient plus nombreuses de la part de membres du Conseil de sécurité qui ne sont pas nécessairement favorables à une plus grande présence européenne, en Afrique ou ailleurs.
Ensuite, les pays africains insistent de plus en plus pour résoudre leurs problèmes de sécurité par eux-mêmes, lorsqu'il s'agit d'opérations d'imposition de la paix, même s'il ne faut pas sous-estimer les difficultés politiques et pratiques dans la mise en place de ce type d'opération. Dès lors, le déploiement d'une force européenne conçue sur le modèle d'Artémis susciterait nombre de résistances.
Cependant, il est nécessaire de mener une réflexion pour réévaluer le rôle de la France et de l'UE en soutien aux capacités de sécurité africaines, compte tenu à la fois des demandes, mais également des déconvenues passées. Je ne dispose pas de réponse précise, mais il s'agit bien de redéfinir le type d'appui qui répondra à la fois aux attentes politiques et capacitaires des Africains, mais également aux besoins sécuritaires de l'Europe.