Je sais que ses membres y mettent tout leur cœur car ils y tiennent.
Je crois fermement en la puissance de la politique, en sa capacité à changer la vie des gens pour le meilleur. Le mauvais scénario dans lequel les campagnes se videraient de leurs paysans, nous condamnant à vendre ou à acheter de la malbouffe pas chère, venue d'on ne sait où, pour obtenir nos 2 000 calories par jour, sans se demander ce qu'elle contient ni qui elle fait vivre, n'est pas une fatalité. Il ne s'agit aucunement d'un ordre naturel des choses contre lequel toute action publique serait vaine.
Même si nous pouvons être en désaccord sur la marche à suivre, nous sommes l'Assemblée nationale. Nous pouvons aujourd'hui envoyer un signal fort : nous avons pris la mesure de la situation et nous commençons humblement à y remédier, en faisant de la rémunération des agriculteurs non plus une variable d'ajustement, mais la dimension centrale de la fixation des prix.
La complexité de la construction du prix des produits agricoles ne nous est pas inconnue. Nous avons détaillé en commission les mesures supplémentaires qui seront nécessaires pour rendre le dispositif proposé parfaitement opérant, et nous sommes prêts à y travailler. Ainsi, nous devrons réguler plus fermement les marchés pour éviter que les produits agricoles français soient mis en concurrence avec des produits soumis à des normes moins-disantes ; j'ai déposé un amendement en ce sens. Nous devrons aussi réguler les marges de l'industrie agroalimentaire, de la distribution et de la filière des pesticides, pour introduire davantage de transparence et d'encadrement dans les échanges commerciaux. Enfin, nous devrons mener un travail relatif à la disponibilité des coûts de production. Tout cela est complexe, mais faisable. La complexité ne doit pas servir de prétexte à l'inaction, surtout lorsque l'urgence est telle.
Cette proposition de loi est une proposition de compromis. Nous la concevons comme la première pierre d'un chantier plus vaste visant à rendre notre système agricole et alimentaire plus juste. Dès aujourd'hui, nous devons apporter des garanties en ce sens. Par ailleurs, nous ne concevons pas le texte comme la victoire d'un camp sur un autre, mais comme l'aboutissement de tous nos débats, de tous les engagements pris et de tous les messages entendus ces derniers mois dans nos campagnes.
Non à la régression environnementale ; oui au progrès social. Toute autre priorité serait incompréhensible. Votre vote exprimera un choix simple : êtes-vous pour ou contre une avancée significative vers des prix rémunérateurs pour les agriculteurs ?