« Nous avons fait en un mois ce qu'on fait d'habitude en trois ans » a déclaré le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, le 26 mars au moment d'entériner la révision de la politique agricole commune (PAC). Il aura donc fallu un petit mois aux différents ministres de l'agriculture européens pour s'accorder sur un détricotage du peu de mesures environnementales que contenait la PAC ; un mois pour sacrifier la capacité de nos agriculteurs à produire demain ; un mois pour sacrifier notre capacité à nous adapter à l'impact croissant des dérèglements climatiques.
Les agriculteurs estiment pour leur part en grande majorité que la transition écologique est une nécessité. Ils n'en sont que trop conscients, eux qui doivent désormais naviguer à vue entre sécheresses, records de chaleur, floraisons avancées et pluies torrentielles. Rappelons que ce mois de mars aura été le vingt-sixième mois consécutif où les températures ont été supérieures aux normes saisonnières, soit le double du précédent record.
Puisqu'il est possible pour le ministre de l'agriculture de déplacer des montagnes quand le sujet semble digne d'intérêt au Gouvernement, pourquoi la même énergie et la même volonté n'ont-elles pas été déployées pour apporter une réponse à la question des revenus agricoles ? Pourquoi, après les plus grandes mobilisations agricoles qu'ont connues ces trente dernières années notre pays et notre continent, n'a-t-on constaté que reculs environnementaux et mesures de trésorerie ?