En matière de protection de l'enfance, on ne peut pas, j'en suis convaincue, continuer à opposer l'État et les départements. Nous avons, au contraire, besoin de les faire travailler ensemble, car un enfant est un tout qui ne peut pas se diviser pas en fonction des compétences de l'un et des autres. Au demeurant, certaines politiques définies au niveau national rencontrent également des difficultés ; la recentralisation n'est donc pas forcément la solution.
En matière de prise en charge, certains des dispositifs prévus dans la loi – le tiers digne de confiance, que vous avez évoqué brièvement, ou l'accueil durable bénévole – ne sont pas déployés alors qu'ils contribuent à amoindrir la rupture pour les enfants. Comment pouvons-nous favoriser le recours à ces dispositifs de désinstitutionnalisation par les départements et les juges, dont la coordination est nécessaire ?
Par ailleurs, je veux être certaine de bien comprendre : est-il possible pour les assistants familiaux de cumuler leur activité avec un travail ? Il est nécessaire d'avoir de multiples types de places : tous les enfants n'ont pas besoin d'un assistant familial à temps plein. Certains d'entre eux peuvent, par exemple, déjeuner à la cantine ou aller à la garderie, comme tous les autres. Le cumul permettrait d'ouvrir des places d'accueil supplémentaires.
Nous devons, je crois, renforcer le projet pour l'enfant : l'État, notamment l'éducation nationale, doit participer à son élaboration. Il est aberrant que l'on propose à des jeunes une orientation qui ne correspond pas à leurs possibilités scolaires. Or l'éducation nationale a un rôle majeur à jouer dans ce domaine, pour mettre fin à l'assignation de ces jeunes aux filières courtes. Grâce au dispositif de bourse que nous avons adopté et à la possibilité qu'ils ont de se loger pendant les douze mois de l'année, les enfants de l'aide sociale à l'enfance peuvent poursuivre leurs études – il faut le rappeler.
Enfin, que pensez-vous de la possibilité pour les enfants de bénéficier d'une prise en charge à 100 % des soins psychologiques de ville ? Souvent, ils sont obligés d'attendre qu'une place en centre médico-psychologique se libère alors qu'ils pourraient consulter un praticien en ville si les frais étaient entièrement pris en charge.