Pendant trop longtemps, les enfants n'ont pas été considérés comme des sujets de droit, à plus forte raison comme des sujets actifs. Notre héritage historique et politique nous fait encore considérer l'enfant comme la propriété de ses parents, dépourvu de la capacité de s'exprimer ou décider pour lui-même. Comme vous l'avez sous-entendu, les jeunes placés auprès de l'aide sociale à l'enfance sont souvent issus de familles pauvres, ce qui rend plus vulnérables les acteurs qui les accompagnent : ils attirent moins les regards et suscitent moins d'intérêt.
Enfin, les enfants ne sont pas des électeurs. Au cours de mes dix dernières années de militantisme, j'ai constaté que c'était un frein très important, notamment vis-à-vis des présidents de conseil départemental. Les départements ont beau détenir une grande responsabilité en matière d'aide sociale enfance – elle représente souvent la plus grosse part de leur budget –, on ne voit jamais d'élus se rendre le dimanche matin sur les marchés pour parler des enfants de l'ASE, des enfants victimes d'inceste ou de maltraitance. Ils n'en font pas un sujet politique, souvent de façon délibérée, ce qui est très problématique.