Merci d'avoir témoigné et de mobiliser, autour de vous, sur les enjeux de l'aide sociale à l'enfance. Si les parlementaires s'en saisissent aujourd'hui, c'est grâce à l'action des associations et des syndicats de salariés. Sans cette impulsion extérieure, nous n'en serions probablement pas là.
J'aimerais vous entendre sur la cause des dysfonctionnements de l'aide sociale à l'enfance : pourquoi ces enfants ne bénéficient-ils pas de la même attention que les autres ? Pourquoi, en France, les droits des enfants sont souvent bafoués, piétinés ou considérés comme secondaires par rapport à ceux des adultes ? Les enfants placés sont d'ailleurs bien souvent ceux qui subissent la plus forte relégation.
Comment engager un changement de paradigme en ce qui concerne les droits des enfants ? Comment sortir du mépris social dans lequel sont tenus les enfants protégés ? Ayant suivi la formation d'éducatrice spécialisée, j'ai pu mesurer combien le contrôle social avait remplacé le travail social : les travailleurs sociaux sont formés à la gestion de flux d'enfants ou de MNA – je reprends les mots de mes formateurs. Comment remettre au cœur de l'aide sociale à l'enfance les droits des enfants, notamment des enfants placés ?
C'est une vaste question, je vous l'accorde, mais elle aborde le fond du problème : celui du mépris de classe et du mépris dans lequel sont tenus les professionnels de la protection de l'enfance. Je le répète pourtant : les violences faites aux enfants et aux femmes sont répandues dans les différentes classes sociales, mais également dans les différentes cultures. Ce problème est en effet systémique.