Vous avez évoqué les projets de société qui pourraient être présentés à l'occasion de l'élection présidentielle. Des élections européennes se tiendront prochainement : il serait intéressant de connaître les projets pour l'enfance, à l'échelle européenne, des partis qui s'y présentent, car beaucoup reste à faire, notamment en matière d'exposition des enfants aux écrans et aux contenus pédopornographiques.
S'agissant de la formation des professionnels, Lyes Louffok a confirmé tout à l'heure qu'il existe un problème de formation : de nombreux professionnels de la protection de l'enfance n'ont pas de diplôme en lien avec les postes qu'ils occupent. Il s'agit d'un pis-aller, dû à une situation problématique : soit on embauche des professionnels insuffisamment formés, soit on ferme les structures. Les gestionnaires prennent leurs responsabilités, mais ce n'est évidemment pas satisfaisant.
Je vous recommande la lecture du Livre blanc du travail social, remis par le Haut Conseil du travail social (HCTS) il y a quelques mois et qui a fait l'objet d'une audition en commission des affaires sociales en février dernier. Il propose des pistes de travail pertinentes.
S'agissant de l'accueil, il existe en effet des structures innovantes, des lieux de vie et d'accueil qui pratiquent des modalités d'intervention nouvelles. Quant à la prise en charge des enfants dits à double vulnérabilité – suivis par la protection de l'enfance et en situation de handicap –, c'est un enjeu crucial. Ces cas de figure ne sont pas du tout marginaux : ils représentent 30 % à 40 % des enfants accueillis dans les instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques (Itep) ou les instituts médico-éducatifs (IME) ; la même proportion est constatée dans les Mecs ou dans les foyers. Leur prise en charge est très complexe : les diagnostics sont très tardifs et le suivi n'est pas suffisant. Certaines plateformes et associations ont développé des dispositifs qui représentent autant de pistes intéressantes pour casser le fonctionnement en silo des secteurs social et médico-social. En effet, leurs cultures d'intervention sont différentes, ils font appel à des travailleurs sociaux différents et ont souvent beaucoup de mal à communiquer entre eux. Nous publierons la semaine prochaine des recommandations à ce sujet.