Il y a quelques jours, la diffusion par France Télévisions d'un documentaire sur la prostitution des mineurs dans les foyers de l'aide sociale à l'enfance a de nouveau braqué les projecteurs sur un phénomène qui, de l'aveu des inspections générales, connaît un essor important.
Au cours des cinq dernières années, le nombre de procédures pour proxénétisme sur mineurs a en effet augmenté de 68 %, et le phénomène concernerait 10 à 30 000 mineurs prostitués en France. Les victimes sont à 70 ou 80 % des jeunes filles de l'ASE, même s'il est difficile de quantifier le phénomène.
Le service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco) nous alerte sur l'émergence du proxénétisme de cité, apparu dans les grandes agglomérations. Depuis 2015, plus de 85 % des mineurs victimes de proxénétisme seraient concernés. Il s'agit donc d'un phénomène particulièrement alarmant, qu'il est urgent de combattre et d'enrayer.
En 2021, le Gouvernement a lancé un plan national contre la prostitution des mineurs afin de mieux articuler les politiques définies et coordonnées à l'échelle nationale. Trois ans après, quel premier bilan tirez-vous de ce plan ?
Les pouvoirs publics ont beaucoup insisté, à juste titre, sur l'importance du repérage et de la prévention, mais les acteurs de terrain témoignent de leur impuissance face aux victimes. Quels outils manquent aux éducateurs et aux acteurs associatifs pour accompagner les mineurs vers la sortie de la prostitution ? Quels blocages juridiques pourraient être levés par une nouvelle loi de protection de l'enfance ?