Chaque année, 300 000 mineurs sont placés, dont 2 612 en 2023 à La Réunion, d'où je viens.
Il y a quelques semaines de cela, les représentants de la Fédération nationale des assistants familiaux et protection de l'enfance (FNAF/PE) avec lesquels je me suis entretenu, m'ont dit que rien ne change. En effet, alors que des milliers d'enfants sont placés, leur prise en charge demeure catastrophique.
Je me refuse à jeter la pierre aux assistants familiaux, qui assument leur rôle du mieux qu'ils peuvent. Comment peut-on encore accepter qu'ils soient chargés de quatre ou cinq enfants sans bénéficier d'une indemnité d'entretien correcte ?
La loi Taquet était censée remédier aux manquements de l'ASE et s'appliquer aux départements et régions d'outre-mer (Drom), mais la FNAF/PE ne peut que constater les dérives persistantes, telles que les placements à l'hôtel ou dans une structure de loisir. Ce n'est pas l'avenir que je souhaite pour ceux qui sont considérés comme les enfants de personne !
Les défaillances de l'ASE sont si graves que les professionnels sont à bout de souffle et démunis face au manque de moyens humains, financiers et matériels. Tous m'ont indiqué que plus personne ne désire obtenir un agrément, car après deux ou trois années, les assistants familiaux ne souhaitent plus poursuivre leur activité. Mais si ces derniers ne sont même plus soutenus, comment les enfants placés peuvent-ils se sentir accueillis et accompagnés ?
La protection de l'enfance relève de la compétence des départements, mais si ces derniers n'ont plus les moyens de faire fonctionner des équipes pluridisciplinaires composées d'éducateurs spécialisés, de pédopsychiatres et de psychologues, comment ferons-nous ?
Je n'aurai qu'une question. Pourquoi, selon vous, les outre-mer accusent-ils un retard plus important dans ce domaine, comme le notait Mme Ninnin dans son propos liminaire ?