Intervention de Jean-Léonce Dupont

Réunion du mercredi 28 septembre 2022 à 18h05
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Jean-Léonce Dupont :

J'aimerais partager une illustration de ce que j'ai vécu pendant dix ans. J'ai mis en place un plan patrimonial immobilier stratégique qui m'a permis d'économiser plusieurs millions d'euros en frais de location, dépenses énergétiques, etc. J'ai contrôlé très fortement l'évolution de ma masse salariale. J'ai fermé des établissements scolaires qui avaient des milliers de places disponibles par rapport à l'évolution démographique. Vous pouvez imaginer à quel point il peut être difficile de prendre ce genre de décision. J'ai fermé des casernes de pompiers – en réalité trois garages où travaillaient quatre volontaires. Là encore, j'ai dû fournir des explications. J'ai dû, au moment de la baisse des dotations de trente-cinq millions d'euros sous le quinquennat Hollande, réduire certaines mesures « extra-légales » relevant du champ de la solidarité. Pratiquement tous les départements ont réalisé des efforts de gestion, et savent bien qu'il est relativement aisé de trouver des marges de manœuvre au début de l'exercice puis qu'au fil du temps, les décisions deviennent de plus en plus difficiles. C'est pour cela que je parlais d'une embellie conjoncturelle. Même si le projet de loi de finances ne concerne que l'année 2023, je vous demande d'avoir à l'esprit ces perspectives structurelles.

Nous faisons face à un quadruplement des coûts de l'énergie, voire parfois à un décuplement. Les décisions qui s'imposent à nous se sont accumulées ces derniers mois, provoquant à elles seules une augmentation de notre budget de fonctionnement de 3,5 à 4 %. Nous ne nions absolument pas l'embellie conjoncturelle dont nous venons de bénéficier mais nous attirons l'attention sur ces surcoûts structurels qui réduisent nos marges de manœuvre.

Dans mon département, le nombre d'établissements relevant du champ de la dépendance est jugé suffisant par rapport à mes moyens, ce qui signifie que toute création d'établissement est problématique. Nous sommes en train de mettre en place des politiques audacieuses de maintien à domicile par l'intermédiaire des aides au logement (pour les économies d'énergie) et des mesures d'accessibilité – qui n'avaient pas été anticipées au moment de la construction de nombre de logements sociaux. Nous devons engager des investissements considérables pour permettre aux personnes âgées de se maintenir le plus longtemps possible dans leur logement.

Dans les cinq à dix ans qui viennent, nous assisterons à une flambée des dépenses dans le domaine de la solidarité. Dans un tel contexte, une ressource dynamique voire une diminution de certaines dépenses ne peuvent être que les bienvenues, car nous trouverions immédiatement un usage à ces ressources supplémentaires.

Je suis prêt à vous donner accès à nos projections pour que vous ayez une idée précise des éléments de perspective.

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