C'est la mort dans l'âme, mes chers collègues, que je dois vous demander de votre contre ce texte.
J'ai fait un travail de compromis, en reprenant les objectifs proposés par le Gouvernement, parce que je pense sincèrement qu'il est impératif d'agir. J'ai promis à mes enfants qu'ils auraient un avenir sur cette planète. Or le réchauffement climatique rend cet avenir incertain.
J'ai déposé cette proposition de loi parce que je ne voyais arriver aucun texte de programmation. J'ai déposé un texte sérieux, sur lequel il était possible de débattre et à partir duquel nous pouvions tracer une voie commune pour avancer. Il me semble qu'il y a des points fondamentaux sur lesquels nous aurions pu nous mettre d'accord, comme la baisse de la consommation, la sobriété et la montée en puissance des énergies renouvelables. Tous ceux qui ont travaillé sérieusement sur ces questions et participé aux groupes de travail organisés par le ministère savent qu'il n'y a pas de recette miracle pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles et améliorer notre bilan carbone d'ici à 2030 ou 2035. Il n'y a que deux solutions : la baisse de la consommation et le développement des énergies renouvelables – mais j'ai conscience que nous sommes dans un pays dont la culture n'est pas forcément très favorable à celles-ci, comme nous en avons encore eu la preuve aujourd'hui.
J'ai fait des gestes d'ouverture pour inscrire dans la loi des objectifs révisés, car ceux que nous avons fixés il y a dix ans ne correspondent plus à rien. Pourquoi ai-je tenu à les inscrire dans la loi ? Parce que tant qu'on ne modifiera pas la loi, les industriels ne lanceront pas leurs investissements, ce qui retardera encore les changements. Et sans loi, le Parlement ne pourra pas contrôler l'action du Gouvernement sur cette politique majeure de l'énergie et du climat.
Signe d'ouverture encore, l'horizon de cette proposition de loi est 2030 ou 2035, ce qui exclut la question du nucléaire. Du reste, vous avez déjà inscrit dans la loi d'accélération du nucléaire des objectifs de construction de nouveaux EPR. J'espérais que nous pourrions sortir des postures et montrer que le Parlement souhaite réellement se doter d'une programmation énergétique. Mais nous nous sommes enferrés dans des débats stériles autour du nucléaire, qui est le sujet d'après. La neutralité carbone se jouera d'abord, en effet, sur la réduction de la consommation et la montée en puissance des énergies renouvelables. Le nucléaire viendra ensuite, entre 2035 et 2050.
Malheureusement, le climat a fait les frais du débat sur le nucléaire. Quel besoin aviez-vous, Madame Bregeon, de déposer un amendement sur la question du retraitement ? Avec de telles initiatives, et malgré les ouvertures que j'ai faites, vous avez repoussé la main que je vous tendais. Votre croyance aveugle dans le dogme du nucléaire va nous empêcher d'adopter les mesures qui seraient nécessaires à la France pour relever le défi climatique. Ce n'est pas responsable.