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Intervention de Chantal Clouard

Réunion du mercredi 13 mars 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Chantal Clouard, docteur en psychologie, orthophoniste :

Je vous remercie de votre invitation à cette audition. En premier lieu, il me faut insister sur l'effort considérable qui a été réalisé dans l'extension des offres proposées à la télévision, en particulier les journaux télévisés et les fictions. Cette extension est également due au rôle de certaines plateformes de diffusion de programmes en continu ou streaming, qui offrent des systèmes diversifiés, aussi bien concernant la langue des signes que le sous-titrage ou la vélotypie.

Si le développement quantitatif reste un objectif majeur, il ne peut s'accomplir au détriment de la qualité. Il s'agit à la fois d'une exigence, d'un équilibre, mais aussi un certain défi à tenir. Au fond, on ne saurait négliger les règles de bonnes pratiques telles qu'elles ont pu être énoncées dans les précédentes chartes relatives à l'émission et la réception des contenus.

S'agissant de l'interprétation en LSF, la visibilité du locuteur, la taille et le fond de l'image, l'éclairage et le cadrage ne sont pas toujours respectés. Or il faut y être attentif. Un effort considérable a été produit pendant la période de pandémie, pour la diffusion. Compte tenu de cette expérience adaptative, de nouvelles habitudes et peut-être de nouvelles régularités de diffusion en langue des signes française pourraient être instituées. La langue des signes doit être valorisée comme une langue à part entière, parmi d'autres langues, en tenant compte de certaines de ses spécificités.

Les sous-titrages sont donc nombreux et plus accessibles, mais là aussi, les règles spécifiques doivent absolument être respectées. En particulier, la charte a défini des règles d'harmonisation quant aux codes de couleur, l'agrandissement du texte ou la qualité du discours et de l'orthographe. Dans certains cas, sur certaines chaînes, il a pu être constaté que ces sous-titres étaient souvent trop petits ou peu lisibles. Dès lors, des améliorations sont à attendre, dans le sens d'une plus grande exigence. Ensuite, la diffusion des séries et des fictions étrangères a plutôt favorisé dans les faits la qualité du sous-titrage : les adaptations françaises, par exemple de l'anglais, sont souvent de bonne qualité.

Pour avoir moi-même vécu l'expérimentation de la vélotypie dans l'institut où je travaille, j'estime que cette offre est particulièrement précieuse. Elle peut être utilisée conjointement à la langue des signes, ou de manière spécifique. Il faut souligner qu'elle est complexe et qu'elle a des exigences propres, afin d'éviter les contresens et les erreurs portant sur les noms propres, les termes techniques. Elle exige un travail de préparation pointu et si l'automatisation peut revêtir un intérêt, il importe surtout de ne pas perdre la qualité du discours.

En outre, il me semble primordial de tenir compte de la diversité du public, y compris du public déficient sensoriel, des personnes malentendantes, et de proposer également des offres en direction d'une meilleure réception vocale. En effet, comme vous le savez, chez les sujets sourds, les difficultés sont différentes. Dès lors, en matière de réception vocale, l'intelligibilité et la qualité sont extrêmement importantes. À ce titre, je souhaite faire part ici d'une initiative nouvelle : la chaîne Arte offrira en avril une nouvelle fonctionnalité, le « confort audio », inspiré du « Klare Sprache » des chaînes allemandes, en particulier ARD et ZDF. Il s'agit d'une piste audio supplémentaire qui permettra une meilleure qualité et une meilleure accessibilité des voix et des dialogues.

Enfin, pour conclure, je tiens aussi insister sur la représentation du handicap sensoriel. Les supports identificatoires, en particulier les modèles, sont importants pour les enfants et les adolescents. Cependant, il me semble primordial de veiller à ne pas présenter ces modèles de manière réductrice, caricaturale, eu égard aux particularités des personnes présentant un handicap. Il faut éviter de diffuser de fausses représentations, puisque le point de vue adopté doit être encore une fois exigeant, et tenir compte de la diversité des individus à l'intérieur d'un même handicap.

Ainsi, une présentation parfois abusive de super-performance en langue des signes ou en lecture labiale n'est pas constructive. Il convient plutôt de s'assurer de la présence accrue de personnes « véritables », c'est-à-dire de présentateurs, d'acteurs, d'animateurs, de personnes du monde social, qui serait beaucoup plus apte à véritablement proposer un projet d'inclusion, d'accueil et de reconnaissance des difficultés.

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