Je vous remercie de nous recevoir pour traiter ce sujet important. Notre confédération rassemble les grandes associations nationales de personnes déficientes visuelles. Aujourd'hui, environ deux millions de personnes en France souffrent de problèmes de vue, dont 200 000 aveugles. Cependant, avec l'âge, un grand nombre de personnes éprouvent des difficultés visuelles.
La déficience visuelle est malheureusement trop souvent ignorée. Grâce à l'ancienne conseillère du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), Mme Christine Kelly, les premières conventions portant sur l'audiodescription ont été signées avec les chaînes de télévision. Si elle n'avait pas été là, la situation aurait évolué beaucoup plus lentement. Aujourd'hui, de nombreuses fictions et séries sont audiodécrites, soit environ 81 % des œuvres diffusées. La situation est néanmoins bien plus compliquée pour le reste des programmes. Certes, les personnes aveugles sont adeptes d'autres modes de diffusion, particulièrement la radio. Cependant, nous sommes aujourd'hui réunis pour évoquer les chaînes de la TNT.
Encore une fois, de nombreux efforts ont été réalisés. Aujourd'hui, les films récents qui sont diffusés à la télévision depuis 2020 sont obligatoirement audiodécrits, grâce au Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) et des documentaires commencent à l'être, ce qui est véritablement utile. Le groupe qui propose à ce titre le plus grand nombre d'audiodescriptions est France Télévisions, lequel fournit un véritable effort en la matière.
Cette audiodescription aujourd'hui est souvent bien réalisée, grâce à de nombreux laboratoires spécifiques, dont la qualité des productions varie néanmoins. Celle-ci est particulièrement liée à l'attention humaine qui lui est portée et nous pouvons à ce titre craindre le développement de l'intelligence artificielle, qui est déjà utilisée sur les chaînes payantes. Certes, un plus grand nombre de programmes seront audiodécrits, mais s'ils sont de mauvaise qualité, cela ne sera pas utile.
Comme mes collègues, je souhaite mettre en avant la nécessité de l'audiodescription pour les chaînes locales. Je conçois bien qu'il ne s'agit pas d'une obligation, mais cette audiodescription permet à de nombreuses personnes de pouvoir suivre en temps réel des fictions, et bientôt des programmes de sport. À l'occasion des Jeux olympiques de Paris cet été, les chaînes, et notamment France Télévisions, diffuseront au moins sept heures d'oralisation des programmes. Ce dispositif est différent de l'audiodescription, plus compliqué car simultané.
En conclusion, les grandes chaînes publiques de télévision ont joué le jeu de l'audiodescription. En revanche, les petites chaînes, dont la part d'audience est inférieure à 2,5 % proposent un nombre de programmes bien plus limité, malgré la vigilance de l'Arcom. Enfin, je suis très heureux que vous puissiez aborder ce procédé d'audiodescription à l'Assemblée nationale, car il est essentiel pour la population des déficients visuels. Créé aux États-Unis en 1989, mis en place à la télévision à partir de 2012, il n'est utilisé que pour 4 % de l'ensemble des programmes diffusés.