Des gens sont partis, d'autres sont arrivés, et les seconds sont heureusement bien plus nombreux que les premiers.
Je n'en veux pas à ceux qui sont partis : ils étaient habitués à vivre dans le luxe et n'avaient aucune envie de changer les choses. J'aimerais d'ailleurs corriger ce que j'ai dit tout à l'heure : c'était la fête à Canal+, mais 95 % des employés du groupe avaient des petits salaires et travaillaient avec ardeur. Je ne parlais que du haut du panier, de ceux qui sont finalement partis et ont été remplacés par d'autres, beaucoup plus économes.
Dans les entreprises, on est malheureusement toujours rattrapé par les questions d'argent. Lorsque vous avez fait votre bilan, votre comptable vous reproche de dépenser trop d'argent et votre banquier – le Crédit mutuel ou d'autres – vous dit qu'il ne peut pas vous prêter indéfiniment. Il a fallu mettre un terme à tout cela, et certains de ceux qui avaient vécu dans la richesse sont partis. Autres temps, autres mœurs !
Est alors arrivé le groupe BeIN, dont on disait qu'il ne pourrait traiter indéfiniment à perte et que les actionnaires ne pourraient réinjecter de l'argent tout le temps. Or ce groupe est toujours là, très riche, ce dont nous nous réjouissons d'autant plus que nous sommes désormais associés avec lui. On disait aussi, à l'époque, que Netflix allait faire faillite, mais l'entreprise vaut aujourd'hui 200 milliards. Canal+ s'est adapté à cette nouvelle situation. Nous avons eu le courage de tout changer : le groupe, qui emploie 1 000 ingénieurs, a notamment créé la plateforme MyCanal et est devenu extrêmement rentable.
Ce n'est pas moi qui ai fait tout cela – j'en aurais été bien incapable –, mais les gens que j'ai choisis et qui ont travaillé pour moi. Il n'empêche que je sers de bouc émissaire à chaque fois que quelqu'un est renvoyé. Vous parliez tout à l'heure de M. Rivoire : je l'ai vu dix ou vingt secondes dans ma vie, lorsque je visitais les bureaux de Canal+. Alors que je passais la tête dans le bureau où il se trouvait, il m'a dit, si je me souviens bien, qu'il travaillait sur les investigations et qu'il allait en réaliser une sur moi ; je lui ai répondu que c'était une très bonne idée, puis je suis reparti et je ne l'ai jamais revu. Il ne manque pourtant pas une occasion de parler de moi, parce que c'est plus vendeur. Tout à l'heure, lorsque je me suis installé dans cette salle, quarante photographes se sont précipités : est-ce grâce à vous, ou à cause de vous ?