Peut-être avait-il pris, dans sa tête, la décision de partir, mais il a été révoqué par le conseil de surveillance ; du reste, nous avons signé avec lui un accord reprenant les mêmes termes. J'ai sous les yeux une copie du procès-verbal de la réunion du 3 juillet 2015, au cours de laquelle la décision a été prise : le président du conseil de surveillance était Arnaud de Puyfontaine, les autres participants étaient Hervé Philippe, Éric Bayle, Vincent Bolloré, Frédéric Crépin, Simon Gillham, Stéphane Roussel, Vincent Vallejo, Bertrand Meheut, Maxime Saada, Grégoire Castaing et Édouard de Chavagnac. Rodolphe Belmer a été révoqué à l'unanimité, non parce qu'il était un mauvais garçon ou qu'il avait fait de mauvaises choses, mais pour les raisons que j'ai évoquées tout à l'heure.
Comme toute l'équipe de Canal+, Rodolphe Belmer n'avait aucune envie de changer de train de vie. Vous êtes tous très jeunes et n'avez donc pas connu le Canal+ de cette époque où les dirigeants étaient des seigneurs. C'était extraordinaire ! À l'occasion du Festival de Cannes, 300 personnes étaient logées pendant quinze jours dans des hôtels pour un coût avoisinant 50 000 euros par semaine. Le champagne coulait à flots. Ces gens-là allaient ensuite au rallye de Monaco, puis à Wimbledon, avant de couvrir les élections américaines depuis Washington, et ils invitaient beaucoup de monde. Quand nous sommes arrivés, nous avons fait 400 millions d'économies, ce qui nous a valu une réputation atroce. J'étais le sale type, mais c'est à cela que je sers, au fond : je suis le paratonnerre, le bouc émissaire. On n'a pas dit que j'avais arrêté la fête, mais que j'étais un type affreux. Je lis de temps en temps mes aventures dans des lettres où je suis décrit comme Attila, ce que je trouve d'ailleurs inquiétant du point de vue psychologique.