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Intervention de Jean-Baptiste Rivoire

Réunion du jeudi 7 mars 2024 à 14h30
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Jean-Baptiste Rivoire, ancien rédacteur en chef adjoint de « Spécial Investigation » sur Canal+ :

C'est mon interprétation et la direction de Canal+ pourrait vous présenter éventuellement une autre version. Pendant 2015 et 2016 s'est produite une partie de bras de fer au sujet de l'avenir de cette émission. Elle a été maintenue mais en chômage technique. La direction a refusé d'organiser les comités d'investigation qu'elle nous avait imposés quelques années auparavant et sans lesquels nous ne pouvions lancer aucun dossier. Faute de temps, Maxime Saada n'organisait pas les réunions et nous pouvions guère lancer d'enquêtes. Je me suis ensuite exprimé publiquement, en ma qualité de délégué du personnel, à propos du refus de sept propositions sur onze, et la direction, par mécontentement, a supprimé l'émission en juin.

Mon placard est assez simple à décrire. J'ai été reçu en entretien en août 2016 au sujet de mon reclassement après la disparition de l'émission. Deux de mes collègues ont été reclassés mais aucun poste ne m'a été proposé. Après plusieurs mois, on m'a proposé de surveiller la tendance documentaire mondiale depuis un petit bureau. On me demandait de rédiger un mail mensuel pour résumer ce sujet. Je leur ai répondu que c'était déjà ce qui avait été proposé à Francis Kandel, syndicaliste CGT qui était au placard depuis dix ans. On m'a alors proposé de me charger des prévisions de l'Agence France-Presse (AFP) mais dans la mesure où nous étions déjà abonnés aux prévisions de l'AFP, cela me semblait peu utile. Le but était de me faire accepter un poste puis de me reprocher un manque de sérieux dans mon travail. Nous avons joué un jeu de dupes. Voyant que l'inspection du travail s'intéressait à mon cas, ils ont fini au bout de trois ans par me proposer un travail. Pendant un an environ, j'ai ainsi travaillé sur les tueurs en série, et notamment sur l'affaire du petit Grégory, qui a déjà donné lieu à quatorze documentaires. Je leur ai demandé s'ils pensaient que j'allais pouvoir découvrir la vérité. Ils ont jugé que le sujet était très important et j'ai donc travaillé dessus pendant plusieurs semaines sur un projet, puis mon responsable m'a dit qu'il était inutile que je poursuive car Netflix avait déjà produit un documentaire sur le sujet. On m'a ensuite demandé de travailler sur Guy Georges, un tueur en série. Fait particulier, j'étais censé enquêter alors que tous mes abonnements de presse avaient été supprimés par la direction au moment de la disparition de « Spécial Investigation ». J'ai alors engagé un bras de fer avec ma direction, me plaignant de ne pas pouvoir enquêter dans ces conditions. On m'a alors demandé d'effectuer des recherches sur Google, ce qui était gratuit. J'ai échangé des courriers recommandés pendant six mois pour avoir le droit de lire la presse en tant que rédacteur en chef. Cela m'a été refusé pendant six mois puis j'ai eu à nouveau accès à des abonnements. J'ai alors pu travailler sur un sujet sur Guy Georges qui sera refusé par la direction, puis sur Nordahl Lelandais pendant un mois et demi, et une nouvelle fois le projet ne sera pas accepté.

Nous avons finalement conclu qu'il était préférable de nous séparer. Un troisième plan social venait d'être annoncé et j'étais prêt à en profiter avec le minimum légal car j'avais besoin de rembourser mes emprunts et de nourrir mes enfants. C'est alors que la direction m'a demandé de signer des transactions de silence.

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