Devant la représentation nationale, il se défend d'intervenir, affirmant qu'il n'en a pas le pouvoir, et d'ailleurs en 2015, Vincent Bolloré ne dirigeait pas Canal+, il n'était pas censé communiquer de consignes, faire disparaître des reportages ou protéger ses amis dictateurs. Pour lui, l'argument imparable consiste à dire que cela n'entre pas dans le cadre de ses fonctions. Il ne se prive pourtant pas de le faire. Je l'ai rencontré une seule fois en juillet 2015, alors qu'il venait de décapiter les « Guignols de l'Info » en faisant partir tous leurs auteurs. Ils étaient autorisés à reprendre l'émission en septembre mais sans parler de politique… Un jour, j'étais seul dans l'équipe de « Spécial Investigation » car mes collègues étaient en vacances et j'ai vu une charge de production de Canal+ faire son arrivée avec un homme bronzé qui portait un magnifique costume. J'ai compris que c'était celui dont tout le monde parlait. Je lui ai serré la main. Il a regardé le panneau où étaient affichés les sujets de nos futures enquêtes d'investigation. Il y a vu par exemple un sujet sur la famille Mulliez (propriétaire d'Auchan) qui s'était installée en Belgique pour des raisons fiscales, un autre sujet sur une célébrité, et il a alors désapprouvé des reportages sur des personnes. Je lui ai rétorqué sur le ton de la plaisanterie que nous pensions éventuellement faire un sujet sur Vincent Bolloré. Il a éclaté de rire, affirmant qu'il n'avait rien à cacher. C'est le seul contact personnel que j'ai eu avec lui. J'ai senti qu'il était inutile de tenter d'amorcer un quelconque dialogue, au sujet par exemple de la censure du reportage sur le Crédit mutuel. J'ai eu le sentiment que la personne face à moi n'allait pas répondre de manière sincère. Vous aurez peut-être cette impression la semaine prochaine…