Ce n'est pas tant acheter français qui a un sens qu'acheter local, en circuit court, sans intermédiaire. Cela permet qu'un bon produit soit vendu pas trop cher et qu'il soit accessible à des couches modestes sans faire intervenir toutes les marges intermédiaires. Surtout, plus le délai entre la date de récolte et de consommation des fruits et légumes est important et plus les produits ont été transportés dans des camions, plus la qualité sanitaire de l'aliment diminue.
Nous devons dépasser ce questionnement sur une politique de souveraineté alimentaire. Ce qu'il faut, c'est une politique agricole, alimentaire, de santé, une politique rémunératrice pour une agriculture artisanale, une politique favorable à l'environnement qui privilégie les rotations longues et les assolements diversifiés. Il faut cultiver davantage de légumineuses et réduire la dépendance à l'égard des énergies fossiles et des importations de soja. La contribution au revenu national net de ces formes d'agriculture est bien meilleure que celle des filières bas de gamme : si nous perdons des exportations de céréales, mais en réduisant nos importations de soja, d'engrais azoté de synthèse et de gaz naturel, nous y gagnons. Quant à l'environnement, il faut arrêter les actions en silos et mener une politique globale de restauration des sols. Une politique au service de l'intérêt général doit prendre en compte l'ensemble de ces questions.