Je suis totalement d'accord avec l'idée du droit des peuples à se nourrir eux-mêmes : dans la stratégie de développement de nombreux pays du tiers-monde, le choix d'isoler leur marché agricole doit être accepté, de sorte que les agriculteurs puissent accroître leur production et parvenir à l'autosuffisance alimentaire si cela est possible. C'est facile à dire, pas à faire. Dans des pays où le régime démocratique n'est pas bien assuré, le problème est moins de garantir un niveau de prix aux agriculteurs que de maintenir des prix alimentaires suffisamment bas dans les villes, afin d'éviter les émeutes de la faim. La notion de souveraineté alimentaire reste utile pour ces pays.
L'Europe et la France se trouvent à des années-lumière de cette situation. La souveraineté alimentaire fut l'un des principes de base de la PAC, mais nous y avons totalement renoncé car son application n'était plus tenable. L'Europe exporte des produits agricoles et en importe d'autres : dans ce contexte, l'idée de souveraineté alimentaire n'a plus de sens.