Je tenais à vous remercier, madame la rapporteure, pour la qualité de votre travail. Le sujet de la liberté éditoriale des médias est central pour l'avenir de notre démocratie. Les auditions ont été nombreuses et, pour celles auxquelles j'ai participé, de qualité. Le dialogue a toujours été ouvert. Le groupe Démocrate adhère à la philosophie de ce texte qui vise à renforcer l'indépendance des médias vis-à-vis de leurs actionnaires. Plusieurs députés du groupe ont d'ailleurs soutenu le signal envoyé au moment de son dépôt, pour s'inscrire en réaction à la nomination surprise par Vincent Bolloré de Geoffroy Lejeune à la tête du JDD. Nous n'acceptons pas qu'un actionnaire puisse remettre en question le travail d'une rédaction, construit sur plusieurs dizaines d'années. C'est vrai au JDD, ça l'est aussi à Paris Match ou à Europe 1, et plus globalement pour n'importe quel journal.
À ce titre, la question du droit d'agrément que vous proposez pour approuver la nomination du directeur ou de la directrice de la rédaction mérite d'être posée et débattue. Nous soutenons l'ambition du texte, mais nous nous interrogeons sur sa temporalité. La production d'une information fiable et indépendante de la presse et des médias ne se limite pas au droit d'agrément.
De surcroît, l'examen du texte intervient alors que les états généraux de l'information se saisissent du sujet dans sa globalité. Ces EGI, promesse de campagne d'Emmanuel Macron dont nous attendons les conclusions pour le mois de juillet, permettront de faire preuve du recul et du discernement dont nous avons besoin pour prendre les mesures les plus adaptées. Leurs préconisations seront vraisemblablement mises en application dans une ou plusieurs propositions législatives. Celles-ci sont très attendues par nos concitoyens, ainsi que par tous les acteurs de la presse.
Nous-mêmes, parlementaires de la majorité, auditionnons depuis janvier, chaque semaine, les journaux, syndicats, économistes et spécialistes pour disposer de cette vision d'ensemble essentielle à nos réflexions. Le travail est en cours et ses conclusions ne doivent pas être hâtées. Le texte doit s'inscrire dans un chantier plus large sur la refonte des aides à la presse, pour éviter leur accaparement par des actionnaires, sur la protection des journalistes impliqués dans les sociétés de journalistes (SDJ), sur la lutte contre les ingérences ou sur la précarité du métier.
Votre proposition de loi nous permet de continuer à réfléchir tous ensemble à ce que doivent être les nouvelles conditions de l'indépendance des médias ; elle est en cela la bienvenue. Néanmoins, ce texte risque de déstabiliser un secteur qui a besoin de notre aide et de recettes complémentaires. La presse est sur des sables mouvants dont nous ne pourrons l'éloigner que par un effort global. Le débat vivant dans notre commission préfigure les discussions que nous devrons avoir pour transposer et améliorer les conclusions des états généraux de l'information.
Le groupe Démocrate s'abstiendra.