La vocation première de l'IHEDN ne se limite pas au rapprochement des armées et de la nation. Elle est plus large que cela, puisque l'idée est de diffuser l'esprit de défense.
L'IHEDN, à travers ses auditeurs, ses sessions nationales et régionales, ses sessions dédiées aux jeunes et ses sessions consacrées à l'intelligence économique, essaie de faire trois choses. Il s'efforce d'apporter aux auditeurs des informations sur les notions de défense et de sécurité nationale, en revenant sur les différentes catégories que j'ai évoquées dans mon intervention liminaire. Si son action se limitait à cela, elle serait bien évidemment insuffisante. En pratique, l'IHEDN, par construction, rassemble, dans un même groupe et pour une à plusieurs semaines, des personnes qui viennent d'horizons professionnels extrêmement distincts. Or l'une des principales vulnérabilités de la résilience des pays occidentaux vient de la difficulté qu'ont les différentes catégories professionnelles à se comprendre, puisqu'elles ont leur propre vocabulaire, mais également leurs propres préoccupations et priorités. Il est fréquent que les individus inscrits à l'IHEDN, généralement âgés de 35 à 55 ans, aient peu l'occasion d'échanger durablement avec d'autres catégories de personnes que la leur. Or l'IHEDN le permet, par exemple en mettant en contact des militaires, des magistrats, des hommes d'entreprise, des journalistes et des parlementaires.
Le troisième volet de l'action de l'IHEDN renvoie à la culture du débat, qui est très importante, ne serait-ce que parce que cette culture est parfois menacée dans nos sociétés. Au-delà de cette difficulté, il faut être capable, en débattant, de développer une approche lucide de notre environnement. Il est en effet essentiel de ne pas tomber dans l'angélisme et d'intégrer différentes menaces, comme la menace russe, mais également la volonté de puissance chinoise par exemple.
S'il est donc primordial d'avoir une approche lucide des menaces qui peuvent peser sur notre société et nos institutions, il l'est aussi de développer une forme de sérénité. Dans les faits, nous hésitons toujours entre le risque de l'angélisme et le risque du complexe obsidional, qui ferait que chaque phénomène social qui se présente dans notre pays est le résultat d'une agression en sous-main ou d'un complot d'un État étranger, ce qui n'est pas le cas.
Or il est essentiel, spécialement en cas de crise, que les dirigeants, les responsables, les personnes influentes et les journalistes puissent développer une approche mesurée des menaces, de manière à réagir froidement et calmement. J'ai la faiblesse d'espérer que l'IHEDN puisse faire quelque chose dans ce domaine.