Intervention de Emmanuel Maquet

Séance en hémicycle du mercredi 27 mars 2024 à 21h30
Réemploi des véhicules au service des mobilités durables et solidaires sur les territoires — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuel Maquet :

La dépendance à la voiture et le manque de solutions pour se déplacer en milieu rural ont un impact majeur sur la capacité de nos concitoyens à trouver du travail, à accéder aux soins et aux actes de la vie quotidienne, créant un sentiment d'isolement et de relégation. En tant que députés, nous connaissons ces 13 millions de Français qui ont du mal à se déplacer chaque jour ; parmi eux, 4 millions ne disposent d'aucun moyen de transport. Un quart des demandeurs d'emploi ont déjà refusé une offre faute de pouvoir se rendre sur le lieu de travail. À quoi bon multiplier les réformes de l'assurance chômage si les chômeurs n'ont pas de voiture pour aller travailler ?

Ce gâchis est d'autant plus navrant que chaque année, des milliers de véhicules sont mis à la casse au nom de la lutte contre le réchauffement climatique et du renouvellement des flottes, alors qu'ils pourraient très bien continuer à rouler. L'idée du sénateur Joël Labbé, consistant à allonger la durée de vie des véhicules les plus propres issus de la prime à la conversion, pour les réutiliser au service des ménages modestes, est une proposition de bon sens et une véritable avancée sociale. La seule offre disponible pour les publics en grande précarité, issue essentiellement de la centaine de garages solidaires existant un peu partout en France, est souvent composée de vieilles voitures, peu vertueuses sur le plan environnemental. Les remplacer par des véhicules aux motorisations plus récentes ne constituerait en aucun cas un recul pour la Planète – comme a semblé un temps le dire le Gouvernement, et comme le répètent à longueur d'amendements antibagnole les élus de la NUPES –, mais serait au contraire un atout pour le climat et un moyen d'émancipation sociale. Nous sommes heureux que cette évidence s'impose enfin à tous !

Parmi les véhicules issus de la prime à la conversion, 59 % sont classés Crit'Air 3, ce qui prouve bien que cette aide sert d'abord à remplacer des voitures peu polluantes. La proposition de loi prévoit que ces véhicules seront remis aux collectivités, qui pourront créer des services de location ou les confier à des garages solidaires. Soucieux d'aboutir à un vote conforme dès ce soir, le groupe Les Républicains a choisi de ne pas déposer à nouveau les amendements qu'il avait présentés en commission, même s'ils avaient soulevé des questions légitimes.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion