Il y a dix ans, j'ai eu l'honneur d'être ici même la rapporteure d'une proposition de loi dont l'objet était de garantir la pérennité du dispositif de partage de l'activité entre moniteurs de ski seniors et moniteurs nouvellement diplômés. Ce dispositif avait été imaginé cinquante ans plus tôt par le Syndicat national des moniteurs du ski français (SNMSF) – dont le président Éric Brèche, que je salue, est présent ce soir dans les tribunes –, afin de promouvoir une forme de solidarité intergénérationnelle au sein de la profession.
Devenu la loi du 26 mai 2014 « visant à mettre en place un dispositif de réduction d'activité des moniteurs de ski ayant atteint l'âge d'ouverture du droit à une pension de retraite, afin de favoriser l'activité des nouveaux moniteurs », ce texte tendait à mettre en conformité le mécanisme favorisant l'intégration des jeunes moniteurs dans les écoles de ski avec les législations européenne et française prohibant les discriminations fondées sur l'âge. Beaucoup considèrent qu'il produit des résultats très satisfaisants ; il semble donc opportun d'en faire bénéficier les moniteurs stagiaires, qui jouent un rôle à part entière dans le fonctionnement des écoles de ski. Ils y assurent des heures d'enseignement nécessaires à la validation de leurs diplômes et incarnent l'avenir d'une profession essentielle à l'attractivité de nos montagnes.
En effet, la France figure parmi les premières destinations pour pratiquer le ski, en raison de la richesse et de la diversité de ses infrastructures et de ses domaines, répartis sur une part importante du territoire, du formidable tissu économique local qui les entoure, mais aussi de la qualité reconnue de ses moniteurs, qui accompagnent chaque année les enfants de nos vallées comme les visiteurs venus du monde entier. Au cours de la saison 2022-2023, notre pays se situait ainsi au deuxième rang mondial en nombre de journées-skieur vendues, derrière les États-Unis et devant l'Autriche.
Véritables ambassadeurs de la montagne, les moniteurs de ski constituent le capital humain des 250 stations dont l'activité génère près de 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires et plus de 120 000 emplois directs ou indirects. Souvent pluriactifs, ils assurent, dans leurs entreprises, leurs collectivités ou leurs exploitations agricoles de proximité, une activité économique annuelle qui renforce le modèle d'une montagne active, où l'on peut vivre et travailler toute l'année. Face au changement climatique et à l'évolution des niveaux d'enneigement, ils sont les premiers acteurs d'un tourisme des quatre saisons pour lequel l'activité ski reste un socle solide qui permet aussi une diversification nécessaire pour conserver l'attractivité et le dynamisme de la montagne.
Au-delà de leur rôle économique, ils sont aussi les garants de la transmission des techniques et du savoir-faire indispensables sur les pistes. Leurs formations insistent en effet sur la sécurité des skieurs et sur le partage des bonnes pratiques, mises au service du plaisir de bien skier tous ensemble.
La réputation de l'enseignement du ski en France ne se dément pas, de la création, dans les années 1930, de la première École nationale du ski français jusqu'à nos jours, grâce à la qualité de la formation dont bénéficient les moniteurs. Le diplôme d'État de moniteur de ski alpin figure parmi les diplômes sportifs les plus exigeants, parce qu'il nécessite de savoir évoluer dans un milieu particulier, la montagne, dont les richesses ne doivent pas faire oublier les dangers. Il impose aux candidats une connaissance rigoureuse de la montagne et de la neige tout autant qu'une très forte technicité dans la pratique du ski, nécessaire au bon encadrement des élèves. Chaque année, 400 à 500 moniteurs de ski sont diplômés à l'issue d'une formation d'une durée moyenne de cinq à sept ans, qui comprend obligatoirement deux stages d'un minimum de vingt-cinq jours dans une école de ski.
Si je peux me permettre un peu de légèreté dans l'hémicycle, j'ajoute que derrière le désormais légendaire planté de bâton de Jean-Claude Dusse, auquel chacun peut penser en cet instant ,