L'habitat spontané représente la conséquence d'un déséquilibre entre la demande et l'offre de logement. Nous travaillons donc sur les deux termes de ce problème. En matière de politique de logement, nous savons que pour répondre à la croissance démographique que connaît la Guyane, il faudrait que nous construisions près de 4 500 logements par an. Nous n'en construisons pour l'heure que la moitié, chaque année.
En outre, l'immigration constitue un des principaux moteurs de la dynamique démographique guyanaise. Le taux de fécondité des personnes étrangères est significativement supérieur à celui des Guyanais. En effet, près d'un quart des naissances enregistrées en Guyane sont données par des mères de nationalité haïtienne, alors que les ressortissants haïtiens ne représentent qu'entre 10 % et 12 % de la population du territoire.
Nous souhaitons ainsi mettre en œuvre une politique de logement dynamique, sachant que le foncier dit aménagé constitue le principal frein à la construction de logements en Guyane. Pour cette raison, l'État a créé en 2016 l'Établissement public foncier et d'aménagement de la Guyane (EPFAG), en vue de démultiplier la capacité à mettre à disposition du foncier aménagé. Huit ans après sa création, nous espérons que l'EPFAG délivrera prochainement du foncier aménagé, à la hauteur des besoins en matière de logement.
Quant à la demande de logement, la réponse à apporter a trait à la mise en œuvre d'une politique migratoire. Celle-ci est pensée différemment en Guyane, par rapport à Mayotte. La Guyane est considérée comme un pays « mosaïque », son territoire est gigantesque et il a longtemps souffert d'une situation de sous-population. Dans les années 1960, la Guyane comptait dix fois moins d'habitants qu'aujourd'hui, de l'ordre de 30 000 habitants, contre 300 000 habitants à ce jour. Le phénomène migratoire n'est par conséquent pas pensé de la même façon en Guyane qu'à Mayotte. En revanche, son effet est similaire sur le plan de la croissance démographique, au regard de la capacité de l'ensemble des politiques publiques à étaler la montée en charge, en matière de logement, d'éducation et de santé notamment.
Ainsi, la résorption de l'habitat spontané ne dépend pas uniquement de la mise en place d'une politique volontariste ou de la destruction de ces habitations. La Guyane compte entre 30 % et 40 % d'habitats spontanés, ce qui traduit le déséquilibre structurel entre l'offre et la demande, en matière de logement. Nous devons donc agir sur ces deux leviers, en vue de retrouver un certain équilibre. Le phénomène de l'habitat spontané pourra par la suite être résorbé efficacement. Pour l'heure, l'habitat spontané n'est pas même contenu. Il continue de progresser. La production de logements demeure inférieure à la croissance de la demande.